I. INTRODUCTION
La première question à laquelle Bill Gates s’attaque dans son nouveau livre, How to Avoid a Climate Disaster (sous-titré « The Solutions We Have and the Breakthroughs We Need »)[2], est : pourquoi un innovateur en logiciels reconnu mondialement et incroyablement riche, qui n’a aucune compétence particulière en matière de changement climatique, écrit-il un livre sur ce sujet tentaculaire (et incontestablement contrariant)? Il explique que le projet est né du travail de sa fondation caritative dans les pays en développement, notamment pour lutter contre la « pauvreté énergétique ». Sachant que ces collectivités ne pouvaient pas atteindre leurs objectifs d’amélioration des domaines de l’éducation, de la santé et de l’économie tout en brûlant du bois et des bougies pour cuisiner, se réchauffer ou lire, M. Gates a commencé à chercher des solutions pratiques[3].
À peu près à la même époque, M. Gates s’est senti interpellé par les travaux d’anciens collègues de Microsoft concernant les liens entre la consommation d’énergie et le réchauffement climatique. En fusionnant ces deux projets, M. Gates a été frappé par le fait que le défi du tiers monde était double : les pays pauvres ont non seulement besoin de nouvelles sources d’énergie abordables et fiables, mais ces ressources doivent être « propres » (c.-à-d. à faible émission de carbone), d’autant plus qu’une grande partie de la demande croissante d’énergie proviendra des pays en développement[4].
C’est en se lançant dans une étude autodidacte de la science du climat que M. Gates abandonne son scepticisme initial quant à l’idée que l’accumulation de gaz à effet de serre (GES) dans l’atmosphère, si elle ne s’arrête pas, placera la planète sur une trajectoire irréversible vers des températures insoutenables[5]. L’auteur en ressort avec quatre conclusions qui ont, depuis lors, façonné son nouveau rôle autoproclamé de militant et d’investisseur pour des solutions au changement climatique[6].
- Les mesures prises actuellement pour encourager le déploiement à grande échelle de l’énergie éolienne et solaire sont insuffisantes.
- Indépendamment de ce déficit, ces technologies ne suffiront pas à elles seules à atteindre l’objectif de carboneutralité que M. Gates s’est fixé.
- La réduction des émissions doit aller bien au-delà de l’industrie de l’électricité, car la production d’électricité ne représente qu’un peu plus d’un quart des émissions mondiales de GES[7].
- De nouvelles technologies révolutionnaires doivent être développées et déployées à grande échelle grâce à la coalescence synergique des politiques publiques et de l’investissement privé.
Le parcours de M. Gates, qui est devenu un fervent défenseur des solutions au changement climatique, découle également de ses activités antérieures en tant qu’investisseur en capital-risque misant sur des concepts d’énergie propre (y compris l’énergie nucléaire de « nouvelle génération »)[8]. Il est interpellé en 2015 par les politiques en matière de réchauffement climatique par 1) les manifestations d’étudiants contre les institutions qui investissent dans les entreprises de combustibles fossiles (y compris sa propre Fondation Gates) et 2) l’ouverture des chefs d’État à l’approche de la conférence de Paris sur les changements climatiques de 2015[9]. Cette dernière suscite un intérêt soutenu, qui est au cœur de son livre How to Avoid a Climate Disaster, concernant la rencontre des politiques gouvernementales avec le financement public de la recherche sur les énergies propres et l’investissement privé pour le développement de produits décarbonisants[10]. Rapidement, M. Gates se retrouve au centre de l’organisation d’un vaste cercle d’investisseurs fortunés, baptisé Energy Breakthrough Coalition, ayant pour but de fournir le capital-risque dont les technologies prometteuses en matière d’énergie propre ont tant besoin et d’intervenir auprès des dirigeants politiques afin de faire augmenter les budgets nationaux de recherche et développement[11]. En somme, M. Gates a trouvé sa place dans le secteur des énergies propres.
Mais comment un multimilliardaire au style de vie extravagant peut-il acquérir une certaine crédibilité auprès de la communauté environnementale? En anticipant les coups, M. Gates plaide coupable d’avoir été un super-émetteur dans sa vie personnelle et professionnelle, alors qu’il possède plusieurs grandes résidences et fait régulièrement le tour du monde en jet privé[12]. Cependant, il affirme 1) avoir plus que compensé pour ces péchés par ses investissements, qui s’élèvent maintenant à plus d’un milliard de dollars, dans des technologies permettant de produire de l’énergie (et d’autres produits) à faible ou sans émission de carbone et 2) ne connaître personne ayant autant investi que lui dans des méthodes permettant d’éliminer directement le dioxyde de carbone de l’atmosphère[13].
II. PRÉPARER LE TERRAIN
Dès le début, M. Gates mentionne que deux éléments essentiels pour éviter une catastrophe climatique sont déjà présents : 1) l’enthousiasme du public, démontré par un mouvement mondial croissant mené par des jeunes et 2) un niveau d’engagement croissant des dirigeants nationaux et locaux[14]. Ce qui manque le plus selon l’auteur, c’est un « plan concret » qui rassemble les nombreuses disciplines scientifiques, techniques et financières nécessaires pour atteindre son objectif ambitieux de carboneutralité en matière de GES d’ici le milieu du siècle[15]. Combler cette lacune est l’une des principales missions derrière How to Avoid a Climate Disaster.
Or, avant de tracer la voie du salut planétaire, M. Gates nous offre un regard sur l’enfer qui attend la civilisation si elle n’agit pas, radicalement et de toute urgence, pour ralentir les émissions à l’origine du réchauffement climatique. Son premier chapitre, « Why Zero? », est un catalogue des grands fléaux environnementaux que les chercheurs en matière de changement climatique prédisent depuis des années si le réchauffement se poursuit bien au-delà de l’augmentation d’un degré Celsius déjà enregistrée depuis l’ère préindustrielle[16]. Cette partie du livre est évidemment dérivée de déclarations antérieures. M. Gates accepte, plutôt que de revisiter, les projections de légions de climatologues. Il réussit toutefois à les intégrer dans un tableau cohérent et agrémenté de photographies et de graphiques relativement simples. Le tableau est celui d’anomalies météorologiques et de bouleversements écologiques de plus en plus fréquents comprenant une agriculture et un élevage plus difficiles, des tempêtes plus intenses, des plages et des villes de faible altitude moins habitables, une vie marine stressée et des collectivités entières divisées ou déracinées. Parallèlement à des vagues de chaleur plus longues, la modification des tendances des précipitations a pour effet d’imbiber ou de dessécher les terres, les colonies et les nations qui dépendent le plus de l’agriculture de subsistance sont, de manière perverse, les plus durement touchées, et la migration forcée de populations dépasse de loin les niveaux actuels[17].
M. Gates reconnaît l’incertitude inhérente à la multitude de pronostics sur le changement climatique et concède que les scientifiques ont encore « beaucoup à apprendre sur la manière dont le climat change et sur les raisons de ce changement »[18] [traduction]. Il ne mâche toutefois pas ses mots pour décrire en détail ce à quoi, selon lui, le monde est confronté : « [L]a terre se réchauffe. Elle se réchauffe à cause de l’activité humaine, et l’impact est négatif et va s’aggraver. Nous avons toutes les raisons de croire…que l’impact sera catastrophique »[19] [traduction].
Il se garde de revenir sur sa suggestion initiale quant au fait que les fondements de l’enthousiasme du public et de l’engagement politique sont déjà bien en place. Dans le chapitre intitulé « This Will be Hard », il indique tout d’abord que les lois environnementales en vigueur aux États-Unis sont dépassées en ce qui concerne le changement climatique[20] et que les cycles électoraux quadriennaux du pays sont susceptibles de mettre en péril le soutien gouvernemental continu aux investissements à long terme dans les technologies vertes[21]. Il s’inquiète du fait qu’« un consensus sur le climat n’est pas aussi présent que l’on pourrait le croire »[22] [traduction]. Il affirme ici que, si beaucoup reconnaissent aujourd’hui que le changement climatique est une préoccupation valable, le soutien du public a tendance à s’essouffler ou à passer au second plan par rapport aux investissements dans l’éducation et la santé lorsqu’il s’agit d’« investir de grosses sommes d’argent dans des avancées importantes »[23] [traduction]. Dans le même ordre d’idées, M. Gates affirme que la coopération mondiale, élément essentiel de toute stratégie véritablement globale en matière de changement climatique, est « notoirement difficile », et conclut de façon franche : « [N]ous devons arriver à un consensus qui n’existe pas et créer des politiques publiques pour pousser une transition qui n’aurait pas lieu autrement[24] » [traduction].
III. S’ATTAQUER AU PROBLÈME
Dans un chapitre intitulé « Five Questions to Ask in Every Climate Conversation », M. Gates propose divers cadres et outils pour évaluer les investissements potentiels dans les solutions de réduction des émissions de GES, ce qui l’aide à se frayer un chemin dans la masse de données[25]. Un principe d’organisation consiste à ramener toutes les sources d’émissions à cinq catégories largement simplifiées, énumérées dans l’ordre de leur contribution relative aux émissions totales de GES. Il étiquette de manière très concrète ces catégories : 1) la fabrication des choses (31 %); 2) le rôle de l’électricité (27 %); 3) la culture et l’élevage (19 %); 4) les déplacements (16 %) et 5) le chauffage et la climatisation (7 %). Il propose que le secteur de la production d’électricité qui attire tant l’attention dans les discussions sur le changement climatique (c.-à-d. la catégorie « le rôle de l’électricité ») puisse contribuer davantage à la réduction des émissions de GES que ne le laisse supposer sa contribution de 27 %. Il voit ce potentiel non seulement dans le remplacement de la production d’électricité à partir de combustibles fossiles par de l’électricité à faible émission de carbone, mais aussi dans l’électrification de l’utilisation de l’énergie dans d’autres catégories (p. ex. le transport, le chauffage et le refroidissement des locaux et les procédés de fabrication à base de gaz naturel)[26].
Un autre outil analytique que M. Gates recommande avec enthousiasme est ce qu’il appelle la « prime verte ». En tant qu’homme d’affaires réaliste, M. Gates ne prône pas l’adoption de nouvelles technologies simplement parce qu’elles sont « plus vertes ». Il veut plutôt mettre en évidence la prime verte : le coût différentiel pour substituer une utilisation énergétique à faible émission de carbone à l’utilisation de combustibles fossiles. Si la prime est faible, voire négative (c.-à-d. que la solution est moins chère que lorsque des combustibles fossiles sont utilisés), cela plaide en faveur d’un investissement et d’un déploiement à court terme. Toutefois, si la prime est importante, cela signifie qu’il est nécessaire d’adopter des technologies « révolutionnaires » et d’investir pour les obtenir[27]. Il est important de noter que M. Gates n’adopte pas l’idée que la production d’électricité sans carbone (c.-à-d. l’énergie éolienne et solaire) est déjà totalement compétitive par rapport aux sources d’alimentation traditionnelles. « Dans l’ensemble, affirme-t-il, nos technologies énergétiques actuelles sont les moins chères qui existent…[donc] faire passer notre très importante politique de l’énergie de technologies “sales” à des technologies à émission nulle aura un coût »[28] [traduction].
Il utilise le supplément vert pour illustrer les dépenses que les compagnies aériennes (ou leurs clients) devraient supporter pour passer du carburant pour avion conventionnel à base de pétrole aux biocarburants de deuxième génération disponibles, mais plus de deux fois plus chers, et pose la question suivante : « [C]ombien sommes-nous prêts à payer pour passer au vert? »[29] [traduction]. L’outil de la prime verte est néanmoins « une lentille fantastique », s’enthousiasme M. Gates, pour prendre des décisions pratiques quant au déploiement des technologies à faible émission de carbone existantes ou à la poursuite de la recherche de solutions innovantes plus abordables[30]. À titre de mise en garde, M. Gates souligne que certains suppléments verts peuvent être abordables actuellement pour les pays riches, mais ne pas l’être pour les pays à recettes moyennes ou faibles[31].
IV. ÉCOLOGISER LE RÉSEAU
Le chapitre intitulé « How We Plug In » — la perspective de M. Gates en matière de décarbonisation du réseau électrique — est sans doute le plus intéressant pour les lecteurs de la Publication trimestrielle sur la règlementation de l’énergie, et ce, notamment parce que l’auteur est convaincu que le secteur de l’électricité peut grandement contribuer à la réduction des émissions globales de GES. Ici, M. Gates fait preuve de prudence. Peut-être à la déception de certains défenseurs de l’environnement, il s’attarde sur les limites de l’énergie solaire et éolienne pour assurer l’essentiel de la production, étant donné l’intermittence de ces technologies et l’insistance de la civilisation moderne sur une fiabilité quasi parfaite.
Après avoir exposé quelques notions de base sur l’électricité pour les profanes, M. Gates s’attaque au problème en soulignant qu’à l’heure actuelle, environ deux tiers de l’énergie mondiale sont produits à partir de combustibles fossiles (essentiellement du charbon et du gaz naturel)[32], principalement parce que « les combustibles fossiles sont bon marché »[33] [traduction]. De plus, il relate qu’il s’agit d’une tendance qui s’accentue, car depuis 2000, la Chine développe rapidement ses capacités de production d’électricité à partir du charbon, triplant la quantité d’électricité qu’elle utilise[34]. D’autre part, il suggère qu’il est possible, du moins pour les États-Unis et l’Europe, « d’éliminer nos émissions avec une modeste prime verte uniquement »[35] [traduction]. Il est toutefois important de garder à l’esprit que le parc de production décarbonisé envisagé par M. Gates comprend des centrales nucléaires et des unités d’incinération de combustibles fossiles équipées de technologies de capture du carbone[36].
En affirmant que la prime verte est gérable aux États-Unis, il calcule que la facture du ménage type n’augmenterait que d’environ 15 %, soit 18 dollars par mois[37]. Il considère que les autres pays pourraient ne pas être aussi chanceux, alors que leurs ressources pour l’énergie solaire et éolienne pourraient ne pas être aussi favorables que celles des États-Unis. En outre, il craint que la Chine ne commercialise son propre modèle économique, soit la construction de centrales au charbon peu coûteuses, dans le reste des pays en développement afin de développer leurs industries électriques[38]. Si les pays du tiers monde suivent les traces de la Chine, estime M. Gates, « ce sera un désastre pour le climat »[39] [traduction]. Cette sombre perspective l’incite à rechercher sans relâche des options de production verte abordables.
La prochaine question à laquelle M. Gates s’attaque est la suivante : comment se fait-il que la production solaire et éolienne entraîne une quelconque prime verte, puisque leur « carburant » est gratuit[40]? Il avance plusieurs raisons, mais le « facteur principal », dit-il, est « la malédiction de l’intermittence » associée à l’attente d’une fiabilité élevée dans les pays industrialisés[41]. Son analyse aborde les défis (coûts et autres) liés à l’accroissement massif du réseau de transmission ainsi que le coût prohibitif (selon lui) des systèmes de batteries suffisamment robustes pour compenser l’intermittence des ressources solaires et éoliennes[42]. Les variations diurnes et saisonnières de la production solaire et éolienne constituent un problème connexe. M. Gates cite l’Allemagne comme exemple des bouleversements causés par la surproduction et la sous-production d’énergies renouvelables dans un contexte où un pays s’engage à produire plus de la moitié de son énergie avec ces ressources[43].
Après avoir exposé les difficultés inhérentes à une trop forte dépendance à l’égard de l’énergie solaire et éolienne, M. Gates reconnaît que ces technologies doivent encore jouer « un rôle substantiel pour nous amener à zéro » et recommande donc de lever les obstacles à leur déploiement « partout où cela est économique de la faire »[44] [traduction]. Il conclut la discussion par un plaidoyer en faveur d’une plus grande planification nationale des réseaux de transmission et de la modernisation des réseaux de transmission et de distribution existants si l’on veut que les états (comme New York et la Californie) atteignent leurs objectifs ambitieux de domination des énergies vertes d’ici 10 ans[45].
Dans son discours en faveur d’un recours accru à l’énergie nucléaire, M. Gates affirme qu’« il est difficile d’envisager un avenir où nous décarboniserons notre réseau électrique de manière abordable sans recourir davantage à l’énergie nucléaire »[46] [traduction]. En tant que fondateur de TerraPower, une société qui se consacre à la création de concepts nucléaires avancés capables de répondre aux problèmes de sécurité et de coût du nucléaire qui ont fait l’objet d’une large publicité[47], M. Gates peut être considéré comme un militant averti. Son enquête se poursuit avec une série de profils à petite échelle sur d’autres technologies émergentes : la fusion nucléaire, l’éolien en mer, la production géothermique et les méthodes de stockage (batteries, accumulation de l’énergie par pompage, stockage thermique et piles à combustible à hydrogène)[48]. Malgré son penchant pour l’innovation technique, ces résumés n’ont rien d’irréaliste. Il évoque le potentiel, mais aussi les obstacles auxquels chaque concept est confronté pour devenir un élément courant du réseau.
V. DÉCARBONISER LES TRANSPORTS
Selon M. Gates, la prévalence des carburants dérivés du pétrole pour les voitures, les camions, les bateaux et les avions est un autre problème difficile à résoudre. Bien que le secteur des transports ne soit que le quatrième plus important contributeur aux émissions de GES (16 %), il est le plus grand émetteur aux États-Unis, où l’essence est « remarquablement bon marché »[49]. Le fait que l’augmentation des émissions dans les nations de l’OECD[50] ne se situe pas dans le secteur des automobiles et des camions légers, qui est en baisse aux États-Unis et dans l’Union européenne, mais plutôt dans les modes de transport les moins susceptibles d’être électrifiés ajoute au défi : l’aviation, le camionnage et le transport maritime[51]. Entre-temps, la majeure partie de l’augmentation des émissions dues aux transports provient des pays moins développés dont la population et l’économie sont en expansion, ce qui signifie que davantage de personnes achètent des véhicules personnels[52].
L’électrification de l’ensemble des véhicules terrestres est la réponse la plus évidente, et M. Gates mentionne qu’une longue liste de constructeurs mondiaux produit des véhicules électriques (VE)[53]. De plus, comme l’efficacité des batteries s’est améliorée et que les coûts ont diminué (il mentionne une baisse de 87 % depuis 2010), la prime verte est « modeste », déclare-t-il. Dans le chapitre concerné, il offre un aperçu complet des avantages et des inconvénients, ainsi que des défis restants, de l’introduction en quantité des VE sur le marché[54]. En outre, étant donné qu’un milliard de voitures environ sont déjà en circulation et que la grande majorité d’entre elles ne sont pas des VE[55], il réfléchit dans ce chapitre au développement de biocarburants liquides et d’« électrocarburants » capables de faire fonctionner des moteurs à combustion interne. Bien que M. Gates ne voie que peu d’avantages environnementaux à l’utilisation d’éthanol à base de maïs, il est enchanté par la perspective de biocarburants « avancés, de deuxième génération » produits à partir d’autres cultures[56].
Toutefois, son examen des primes vertes actuelles pour ces biocarburants émergents montre que les coûts marginaux sont trop importants pour une adoption généralisée et que, par conséquent, il faut investir davantage dans leur développement. En ce qui concerne les véhicules de plus grande taille, il fait une distinction entre les camions à ordures et les autobus de ville, dont la taille moyenne et les trajets prévisibles se prêtent à l’électrification, et les 18 roues ou les autocars, dont la taille et les trajets longue distance ne s’y prêtent pas, du moins avec la technologie des batteries et l’infrastructure de recharge actuelles[57].
En ce qui concerne les navires et les avions, l’analyse de M. Gates montre également que les batteries ne sont pas à la hauteur et que les primes vertes pour les carburants liquides alternatifs à faible teneur en carbone sont trop importantes pour une adoption commerciale. Son livre appelle à l’innovation pour réduire ces écarts et lance l’idée de navires-porte-conteneurs à propulsion nucléaire, et ce, malgré les risques inhérents[58].
VI. FABRICATION, CHAUFFAGE ET CLIMATISATION DES ESPACES[59]
M. Gates examine en détail les procédés de fabrication qui produisent des quantités importantes d’émissions de GES, en se concentrant sur l’acier, le ciment et les plastiques pour illustrer son propos, ainsi que les méthodes de chauffage et de refroidissement des bâtiments. Si l’ouvrage ne propose pas une analyse en profondeur des technologies actuelles et émergentes, il a suffisamment de choses à dire sur chacun de ces sujets pour donner aux lecteurs une idée des défis et des possibilités qui se présentent. Un thème récurrent dans le livre retentit avec force dans les passages consacrés à la fabrication : le rôle des combustibles fossiles est omniprésent, et inverser cette tendance est techniquement et économiquement titanesque. Cela n’empêche pas M. Gates de suggérer des innovations sur le point d’être introduites ou du moins envisagées dans les laboratoires[60].
Il suggère les mesures suivantes[61] :
- Électrifier tout ce qui peut l’être dans le processus de fabrication;
- S’assurer que l’électricité utilisée est décarbonisée;
- Déployer des technologies de capture du carbone pour éliminer le reste des émissions;
- Utiliser plus efficacement les matériaux.
- Chacune de ces avancées nécessitera « beaucoup d’innovation », ajoute-t-il[62].
Le supplément vert s’en sort mieux en ce qui concerne le chauffage et la climatisation des espaces dans la mesure où les gens ont installé ou vont installer des thermopompes électriques. En général, aux États-Unis, cette technologie permet l’obtention d’une prime verte négative. En d’autres termes, ses coûts sur le cycle de vie sont en fait inférieurs à la combinaison d’une fournaise au gaz naturel et d’un système de climatisation électrique[63]. Toutefois, deux problèmes épineux se posent : premièrement, les pompes à chaleur ne se retrouvent actuellement que dans11 % des foyers américains, alors que la moitié d’entre eux fonctionnent au gaz naturel; deuxièmement, leurs bienfaits pour l’environnement ne se concrétisent que dans la mesure où le parc de production électrique est décarbonisé[64].
Ces faits conduisent M. Gates à réitérer son affirmation selon laquelle les biocarburants et les électrocarburants évolués doivent être ramenés à des niveaux plus abordables afin que les appareils conçus pour fonctionner au gaz naturel ou au mazout puissent être décarbonisés.
L’urgence de la question est soulignée par l’accélération du déploiement de la climatisation dans les pays en développement, note M. Gates. À mesure que la planète se réchauffe, la demande croissante de climatisation exacerbe le problème du réchauffement, ce qui est un cercle vicieux. Pour contrer cet effet, il faudrait que les solutions décrites dans le livre s’imposent[65].
VII. ÉLARGIR LE RÔLE DU GOUVERNEMENT
Dans un chapitre où il décortique le rôle crucial de l’élaboration de politiques gouvernementales dans la lutte contre le changement climatique, M. Gates admet une pointe d’hypocrisie. Il peut sembler « ironique », reconnaît-il, que l’ancien directeur général de Microsoft, qui considérait le gouvernement et la politique avec tant de méfiance et estimait que ces forces ne faisaient qu’empêcher son entreprise « de faire son travail du mieux possible », atteste aujourd’hui de la nécessité d’une « plus grande intervention du gouvernement »[66]. M. Gates propose un inventaire sélectif des interventions gouvernementales historiques qu’il considère comme des victoires concernant des problèmes complexes de l’industrie énergétique[67].
Quoi que l’on puisse penser du bilan du gouvernement, il affirme que « lorsqu’il s’agit d’entreprises massives…[comme] la décarbonisation de l’économie mondiale, nous avons besoin que le gouvernement joue un rôle énorme en créant les bonnes mesures incitatives et en s’assurant que l’ensemble du système fonctionnera pour tout le monde »[68] [traduction]. Les dirigeants nationaux doivent « formuler une vision », affirme-t-il, et « peuvent rédiger des règles concernant la quantité de carbone que les centrales électriques, les voitures et les usines sont autorisées à émettre »[69] [traduction].
Il peut s’agir d’un sujet fort pour les lecteurs qui abordent les problèmes technologiques et économiques en partant du principe que les marchés sont plus à même de les résoudre que les hommes politiques et les responsables de la mise en œuvre des politiques, aussi bien intentionnés soient-ils. Néanmoins le livre How to Avoid a Climate Crisis défend son point de vue en insistant sur le fait que les nations et l’économie mondiale sont sur une voie périlleuse et qu’une intervention radicale du gouvernement, caractérisée par des incitations bien conçues autant que par des mesures de commandement et de contrôle, et conçue pour catalyser les compétences de l’industrie privée en matière de développement et de commercialisation de produits, est nécessaire pour sortir de la spirale.
M. Gates soutient que par rapport aux autres secteurs, la filière privée (les services publics en particulier) a l’habitude de sous-investir dans la recherche et le développement[70]. Puis, compte tenu des longs délais de mise au point des innovations énergétiques ainsi que du risque considérable d’échecs, il envisage un rôle majeur pour le gouvernement en ce qui a trait au financement et aux encouragements quant au type d’innovation nécessaire pour rendre les technologies énergétiques propres abordables, et donc compétitives par rapport aux systèmes qu’elles remplaceraient[71].
Parallèlement à l’appui constant de M. Gates en faveur de l’investissement dans l’innovation pour réduire le supplément vert, on observe une tendance quelque peu opposée : il affirme que la politique gouvernementale peut « niveler le terrain de jeu », comme il le dit, « en imposant le coût des externalités », c.-à-d. le coût social supposé du carbone pour l’environnement, sur les combustibles fossiles ou leurs produits[72]. Cela aurait pour effet de réduire la « prime verte » en augmentant le coût de ce avec quoi l’utilisation et les produits énergétiques « propres » doivent faire concurrence. Pour M. Gates, il s’agit d’une stratégie visant à « inciter les producteurs et les consommateurs à prendre des décisions plus efficaces » tout en encourageant l’innovation[73]. « Il y a beaucoup plus de chances que vous essayiez d’inventer un nouveau type d’électrocarburant si vous savez qu’il ne sera pas concurrencé par de l’essence artificiellement bon marché » [traduction], stipule-t-il[74]. Les critiques peuvent considérer que cela équivaut au fait de changer les règles du jeu, si vous ne pouvez pas marquer le but, mais il s’agit indéniablement d’un outil politique que les gouvernements préoccupés par le changement climatique sont enclins à utiliser.
Dans son chapitre « Adapting to a Warmer World », M. Gates soulève une autre question obsédante : que se passera-t-il si, malgré tous les efforts, acharnés ou non, nous voyons le changement climatique approcher des niveaux dangereux? Faut-il prendre des mesures plus radicales si, comme l’ont supposé les climatologues, la planète atteint un « point critique » où « la vitesse à laquelle le changement climatique se produit pourrait augmenter de façon spectaculaire »[75] [traduction]? Pour éviter que cela ne se produise, il préconise l’étude et l’exploration potentielle de la « géo-ingénierie », c.-à-d. la libération intentionnelle de particules fines qui, du moins en théorie, feraient dévier une partie du soleil, un peu comme les rejets d’une éruption volcanique, et auraient un effet de refroidissement[76]. L’auteur est conscient que cela constitue une hérésie pour certains écologistes, mais il révèle qu’il a financé de telles études et affirme que les concepts « méritent d’être étudiés et débattus pendant que nous avons [le temps de nous offrir] le luxe de l’étude et du débat »[77] [traduction].
VIII. CONCLUSION
M. Gates mentionne qu’il faut absolument un « plan concret » pour organiser et orchestrer des réductions significatives des émissions de GES, et il en propose un. Il nous met en garde contre le discours qui préconise une « décarbonisation profonde » d’ici 2030. Selon lui, c’est « irréaliste » compte tenu de la manière dont les combustibles fossiles se répandent et permettent l’existence moderne[78], et pourrait être contre-productif.
Il préconise plutôt l’adoption de politiques à court terme qui mettraient le monde sur la voie d’une décarbonisation profonde d’ici 2050[79]. Certains objectifs transitoires pour la prochaine décennie, p. ex. aller de l’avant avec la production d’électricité sans carbone et l’électrification des véhicules ou des processus industriels, sont compatibles avec l’objectif « zéro carbone » d’ici 2050, soutient-il, tant que nous évitons les demi-mesures qui pourraient handicaper l’objectif de 2050[80]. Selon lui, il est temps que les nations donnent la priorité à l’innovation dans les domaines de la science et de l’ingénierie, ainsi que dans les chaînes d’approvisionnement et les marchés, afin d’ouvrir la voie à un avenir sans émissions de carbone[81].
Le plan de M. Gates n’est pas une chasse au trésor, ce serait trop demander, mais plutôt une façon de tracer le chemin orientée vers les affaires. En s’appuyant sur son expérience chez Microsoft, il divise la tâche en deux parties principales : accroître l’offre d’innovation tout en stimulant et en conditionnant la demande d’innovation. Après avoir dressé une longue liste de technologies nécessaires, il préconise une augmentation importante des investissements publics pour les mettre en œuvre et des conseils sur la manière de sélectionner les priorités tout en formant des « partenariats » avec l’industrie[82]. Les mêmes types de mesures méticuleuses, associées à des incitations adaptées au marché, doivent être pris pour préparer la demande (c.-à-d. les clients) à l’adoption de « bonnes idées »[83]. Le gouvernement doit également jouer un rôle de premier plan dans la construction de l’infrastructure afin que les clients puissent profiter des avantages des nouvelles technologies[84].
En résumé, il a apporté une vision déterminée, mais réaliste, une mine d’or de faits et un arsenal de recommandations à la tâche indubitablement complexe de la lutte contre le changement climatique sur ses nombreux fronts. L’ouvrage est surprenant par son exhaustivité et sa maîtrise des détails, tout en étant rafraîchissant en ce qu’il évite le jargon académique et la soupe de sigles et d’acronymes qui peuvent si facilement décourager les lecteurs non spécialisés[85]. Le langage et la structure des phrases sont toujours simples et directs, ce qui est particulièrement utile dans un contexte comportant une telle myriade d’informations et de concepts techniques, et parfois agrémentés d’une pointe d’humour.
Les personnes qui sont déjà immergées dans la science derrière How to Avoid a Climate Crisis peuvent ne pas être d’accord avec certaines des affirmations de M. Gates, et les spécialistes du droit de l’énergie peuvent tomber sur une ou deux erreurs concernant leur propre domaine, mais il faut lui reconnaître le mérite d’avoir retroussé ses manches et d’avoir prêté son nom (et une bonne partie de sa fortune) à l’évaluation et, espère-t-il, la résolution d’un problème aussi déroutant que tous ceux auxquels l’humanité est confrontée au XXIe siècle. L’ouvrage est idéal à titre de guide d’entrée dans le dédale d’informations, de prédictions et d’obstacles politiques qui entourent le changement climatique.
- Une version antérieure de cette critique est parue dans l’Energy Law Journal publié par l’Energy Bar Association à Washington.
*Kenneth A. Barry est l’ancien conseiller principal en matière d’énergie de Reynolds Metals Co. à Richmond, VA, et il a été conseiller dans la section de réglementation de l’énergie du bureau de Hunton Andrews Kurth à Washington, D.C. Il a également été collaborateur régulier de deux publications nationales sur le droit de l’énergie. - Le livre de Bill Gates a été publié en 2021.
- Bill Gates, How to Avoid a Climate Disaster, New York, Penguin Random House, 2021 aux pp 4–5.
- Ibid aux pp 6–7.
- Ibid à la p 7. De façon amusante, le célèbre auteur mentionne ici que le livre Weather for Dummies a été inestimable pour l’accélération de sa courbe d’apprentissage.
- Ibid à la p 8.
- L’utilisation par M. Gates des termes GES et émissions de « carbone » inclut non seulement le dioxyde de carbone associé à l’usage de combustibles fossiles, mais aussi d’autres émissions de GES plus puissantes, comme le méthane.
- Gates, supra note 3.
- Ibid aux pp 9–10. M. Gates explique qu’il n’a pas été influencé par les manifestations, car l’industrie énergétique mondiale est profondément enracinée et que le désinvestissement, l’objectif des manifestations, était un geste vide de sens. Il s’est toutefois retiré par la suite, simplement pour ne pas devoir faire face à une incitation personnelle à contre-courant de ses efforts pour incuber de nouvelles technologies plus propres.
- Ibid à la p 11.
- Ibid. M. Gates rapporte ici que la relance budgétaire gouvernementale motivée par l’Accord de Paris sur le changement climatique a été un franc succès qui a « débloqué 4,6 milliards de dollars par an de nouveaux fonds pour la recherche sur les énergies propres » [traduction].
- Ibid à la p 15.
- Ibid.
- Ibid à la p 17.
- Ibid.
- Ibid aux pp 18ff. À la p 21, M. Gates indique que, bien que l’augmentation moyenne mondiale ne soit que d’un degré Celsius jusqu’à présent, certains endroits à l’intérieur des continents ont connu une augmentation de deux degrés.
- Ibid aux pp 25–34.
- Ibid à la p 24.
- Ibid à la p 25.
- Ibid à la p 48.
- Ibid.
- Ibid aux pp 49–51.
- Ibid.
- Ibid à la p 51. Si cet avertissement sur la difficulté d’obtenir un engagement mondial général semble aller à l’encontre de la proclamation précédente de M. Gates selon laquelle l’implication des dirigeants mondiaux est croissante, la distinction semble concerner l’obtention d’une adhésion universelle. Ainsi, il est déçu par le retrait de l’administration Trump de l’Accord de Paris de 2015 (annulé en 2021 par la nouvelle administration Biden) : il concède que les engagements nationaux pris à Paris sont loin d’être suffisants pour contrer le changement climatique, mais qu’ils constituent au moins « un point de départ qui prouve que la coopération mondiale est possible » [traduction].
- Ibid aux pp 52–55.
- Ibid à la p 55.
- Ibid aux pp 59–61.
- Ibid à la p 58. M. Gates ne fait pas de distinction entre les centrales électriques conventionnelles existantes et les nouvelles constructions dans sa généralisation selon laquelle les technologies énergétiques actuelles, basées sur les combustibles fossiles, sont les moins chères. Il souligne toutefois que ses comparaisons de coûts ne tiennent pas compte des dommages causés à l’environnement par la combustion des hydrocarbures.
- Ibid à la p 60.
- Ibid à la p 61.
- Dans le cadre de ce qu’il qualifie d’une « expérience de réflexion », M. Gates a également imaginé ce qu’il en coûterait pour éliminer les émissions mondiales annuelles de GES (représentant actuellement 51 milliards de tonnes) grâce à la capture atmosphérique directe (CAD), et il est arrivé à un chiffre approximatif de 5 100 milliards de dollars par an. La CAD serait beaucoup moins coûteuse que l’arrêt de segments entiers de l’économie mondiale, comme cela s’est produit lors de la crise de COVID-19, observe M. Gates. Il ne voit toutefois pas cela comme une solution pratique à adopter dans un avenir rapproché. Ibid aux pp 63–64.
- Ibid à la p 70.
- Ibid.
- Ibid à la p 72. Il ajoute que cela représente une « capacité supérieure à celle des États-Unis, du Mexique et du Canada réunis » [traduction], sans toutefois préciser s’il fait référence à tous les types d’unités de production installées ou uniquement à celles au charbon ni faire la distinction entre « utilisation » et « capacité ».
- Ibid.
- Ibid.
- Ibid. M. Gates inclut le coût du câblage, qui peut représenter la moitié ou plus de la facture d’électricité totale du ménage, dans le dénominateur pour calculer une prime verte de 15 % seulement. Si l’on fait abstraction des frais de livraison, la prime verte prévue serait environ doublée. Dans tous les cas, cette prime serait plus élevée pour les utilisateurs finaux industriels et commerciaux, dont le facteur de demande est généralement plus élevé, car les coûts liés à la production représentent un pourcentage plus important de la facture totale.
- Gates indique que les entreprises chinoises « ont fait baisser le coût d’une centrale au charbon de 75 %, ce qui est remarquable » [traduction]. Ibid à la p 73.
- Ibid à la p 74.
- Ibid.
- Ibid à la p 75.
- Ibid aux pp 75–79.
- La surproduction en Allemagne à l’été 2018, relate-t-il, a engendré deux problèmes : cela a mis à rude épreuve le raccordement au réseau de ses voisins européens du sud en plus de « provoquer des fluctuations imprévisibles » des coûts énergétiques. Ibid à la p 78.
- Ibid à la p 81.
- Ibid aux pp 82–84.
- Ibid à la p 85.
- Ibid aux pp 86–87.
- Ibid aux pp 84–94.
- Ibid aux pp 130–31.
- L’acronyme signifie l’Organisation de coopération et de développement économiques et inclut les États-Unis et d’autres pays développés.
- Gates, supra note 3 aux pp 132–33.
- Ibid à la p 133.
- Ibid à la p 135.
- Ibid aux pp 135–37.
- Ibid à la p 135.
- Ibid à la p 138.
- Ibid aux pp 140–41.
- Ibid à la p 147.
- Par souci de brièveté, nous ne parlerons pas de l’agriculture et de l’élevage du bétail, une catégorie qui représente une part non négligeable de 19 % des émissions totales de GES. Toutefois, il convient de noter que M. Gates a utilisé la même approche approfondie et pragmatique face aux défis et aux possibilités dans ce domaine que pour les quatre autres catégories d’émissions impliquant plus directement le secteur de l’énergie. Les lecteurs intéressés par les causes du changement climatique et ses solutions en général trouveront le chapitre concerné, « How We Grow Things » (Ibid aux pp 112–29), passionnant.
- Gates, supra note 3 aux pp 98–111.
- Ibid à la p 111.
- Ibid.
- Ibid à la p 154.
- Ibid aux pp 154–55.
- Ibid à la p 150.
- Ibid à la p 183.
- Ibid à la p 182.
- Ibid à la p 183.
- Ibid.
- Ibid aux pp 184–85.
- Ibid.
- Ibid à la p 186.
- Ibid.
- Ibid.
- Ibid à la p 176.
- Ibid aux pp 176–77.
- Ibid.
- Ibid.
- Ibid.
- Ibid à la p 197.
- Ibid à la p 198.
- Ibid aux pp 200–02.
- Ibid aux pp 203–04.
- Ibid à la p 205. Le chapitre « Plan for Getting to Zero » délimite de façon constructive les rôles importants, qui se chevauchent parfois, des gouvernements et des organismes fédéraux, étatiques et locaux, y compris la Federal Energy Regulatory Commission et les commissions des services publics des différents états. Ici, M. Gates fait l’éloge des coalitions d’états qui ont repris la bannière déchue de l’Accord de Paris après que le président Trump ait retiré les États-Unis. Voir ibid aux pp 210–14.
- Le lecteur peut se sentir déconcerté par le fait qu’une seule personne, en particulier une personne dont le début ou le milieu de carrière s’est déroulé dans d’autres domaines complexes, puisse réaliser un ouvrage aussi instructif et lucide. À la fin, dans la section des remerciements, on apprend que M. Gates a fait appel à de nombreux conseillers, chercheurs et à un « partenaire d’écriture », Josh Daniel, pour accomplir sa mission.