Tout ce qui brille n’est pas vert ou renouvelable

Énergie verte, voitures vertes, emplois verts, politiques vertes, plus propre et plus vert — voyez-vous tous les bienfaits de tout verdir? Aujourd’hui, « vert » n’est plus seulement une couleur, c’est devenu synonyme de « bien ». Il y a aussi le mot « renouvelable ». Mais tout ce qui brille n’est pas vert. Ou renouvelable.

Le problème central de notre obsession pour les énergies vertes et renouvelables est que ces mots ne sont jamais définis. Ces catégories sans frontière et malléables comprennent et excluent à la fois beaucoup d’éléments différents. Ce langage creux permet aux gouvernements, lorsque cela est politiquement opportun, de traiter les technologies comme des technologies renouvelables qui ne le sont clairement pas. Par exemple, au cours de la semaine du 4 février 2022, l’organe exécutif de l’UE a élargi sa « taxonomie » pour inclure l’énergie nucléaire et les centrales au gaz naturel dans ses critères de financement vert[1], malgré les objections des ONG, des investisseurs, des États membres et de son propre groupe d’experts. C’est pourquoi, si nous nous soucions vraiment de l’environnement mondial, nous devons regarder au-delà des slogans verts et renouvelables pour découvrir ce qu’ils cachent.

Toutes les sources d’énergie ont des effets néfastes sur l’environnement, y compris l’énergie éolienne et solaire :

  • une utilisation étendue de l’offre de minéraux rares, largement contrôlée par la Chine;
  • la fabrication des bases massives en béton et des tours d’acier des éoliennes exige une utilisation intensive du charbon;
  • la faible densité énergétique exige d’énormes superficies de terres (environ 25 % de la superficie des États-Unis si toute l’électricité devait être produite par des panneaux solaires);
  • les éoliennes tuent des oiseaux et des chauves-souris;
  • les panneaux solaires et les éoliennes créent d’énormes quantités de déchets non recyclables;
  • la Chine domine la fabrication de panneaux solaires et d’éoliennes en brûlant beaucoup de charbon.

VERT

Vert, le bouton de l’obéissance

Aujourd’hui, le mot « vert » est utilisé comme un bouton d’obéissance politique. Par exemple, le Plan de réduction des émissions pour 2030 du Canada utilise le mot « renouvelable » à 150 reprises et le mot « vert » à 216 reprises[2]. Lorsque les ministres affirment que la politique qu’ils proposent est verte, ils appuient sur votre bouton vert pour activer votre algorithme d’obéissance. On s’attend à ce que nous soyons d’accord, sans examiner de près la loi ou la politique proposée. Après tout, comment cela pourrait-il être mauvais si c’est vert? On ne s’attend pas à ce que nous demandions « vert par rapport à quoi ». Ou « vert à quel prix, pour qui? » Si vous posiez ces questions, il est peu probable que les fonctionnaires vous fourniraient des réponses utiles.

Se présenter comme un leader vert dans la « lutte » pour sauver la planète de la « crise climatique » est une source de pouvoir politique, d’argent et d’acclamation sociale. L’avantage politique de cette stratégie génératrice de panique est de convertir les questions scientifiques et économiques en questions morales et tribales. Les vertueux sont de « notre » côté, vert propre, alors joignez-vous à nous et faites le bien vous aussi.

Les politiciens américains et canadiens exagèrent les dangers des changements climatiques et prétendent ensuite, de façon égoïste, qu’ils sont les chefs de file dans la lutte contre la crise planétaire. Désolé, Amérique, avec seulement 13 % des émissions mondiales de CO2, tu n’es pas la planète et tune peux pas faire grand-chose pour la réparer. Désolé, Canada, ta capacité d’influer sur les changements climatiques planétaires est à peu près le dixième de celle des Américains.

Dans une longue série de conférences mondiales sur le climat (la 26e s’est tenue récemment à Glasgow), nous voyons des manifestations d’égo-compétition entre politiciens qui se promettent l’un et l’autre de devenir plus vert, sans aucune réduction perceptible des émissions au fil des ans. Greta Thunberg avait eu raison d’appeler cela du « bla, bla, bla ».

Emplois verts

Dans la transition rapide vers la carboneutralité promise par les pays occidentaux, on nous promet habituellement une « transition équitable » des emplois liés aux combustibles fossiles aux « emplois verts propres ». Qu’est-ce qu’un emploi vert? Il n’y a pas de définition claire, et c’est pourquoi il sera pratiquement impossible de vérifier la réalisation des promesses du gouvernement concernant de tels emplois.

Aux États-Unis, lorsque le gouvernement Obama louait avec enthousiasme son bilan en matière de création d’emplois verts, les définitions utilisées pour décrire les emplois verts, lorsqu’elles étaient exposées, devenaient risibles[3].

L’organisme gouvernemental responsable de la classification a admis qu’il aurait décrit un employé d’une librairie d’occasion ou d’un magasin d’antiquités comme ayant un emploi vert propre parce que son travail consistait à recycler; de même, un employé d’une école chargé de nettoyer le plancher avait un emploi vert propre. Bien sûr, ces employés ou des employés accomplissant des tâches semblables font peut-être le même travail depuis des décennies. Mais ils n’ont été classés comme employés verts que lorsqu’il est devenu politiquement souhaitable de donner l’impression que l’administration en place avait « créé » des millions de nouveaux emplois verts. Ces mesures étaient censées remplacer le nombre deux à trois fois plus élevé d’emplois perdus en raison de l’annulation de projets de pipeline et de la délocalisation d’emplois dans le secteur manufacturier qui n’étaient pas suffisamment « verts » vers la Chine et l’Inde.

Vert comme signe de vertu d’entreprise

L’actionnement du bouton vert est rentable, et pas seulement pour les politiciens. Lorsqu’une société annonce qu’elle a déjà, ou qu’elle aura bientôt, des émissions nettes zéro de CO2, on s’attend à ce qu’elle y parvienne en restructurant ses activités. Mais en règle générale, elle procède soit par la délocalisation de la production et des émissions qui en résultent, soit par l’achat de « crédits de carbone », soit par d’autres investissements financiers, tandis que ses opérations, où qu’elles soient situées, continuent d’émettre du CO2 à un niveau presque identique.

À titre d’exemple, à la fin de 2021, Delta Airlines annonçait :

[Traduction]

« L’année dernière, nous sommes devenus la première compagnie aérienne neutre en carbone à l’échelle mondiale[4]. »

Vraiment, en un an seulement? Depuis 2020, les avions ont-ils cessé de consommer du carburéacteur? Sont-ils alimentés par batterie? Eh bien, non, l’annonce enchaîne en précisant que ce n’est toujours qu’un engagement :

[Traduction]

« Nous nous sommes engagés à atteindre la neutralité carbonique à partir de mars 2020, en équilibrant nos émissions avec des investissements pour éliminer le carbone de l’ensemble de nos activités mondiales. »

Comment conciliez-vous deux choses différentes, les émissions et les investissements? Quelle quantité de « carbone » Delta peut-il « éliminer » de l’ensemble de ses activités mondiales, à partir de mars 2020, tout en continuant de piloter des avions à réaction? Les réponses à ces questions dépassent ma compréhension.

Pourquoi les banquiers et les autres chefs d’entreprise se font-ils concurrence pour se présenter comme des chefs de file dans la lutte contre les changements climatiques? Peut-être parce que dans la compétition pour l’image de vertu en matière de changement climatique, une entreprise ne peut pas se permettre de paraître moins vertueuse que ses concurrents.

Delta nous dit :

[Traduction]

« Notre engagement à l’égard de la carboneutralité repose sur l’idée que nos clients ne devraient pas avoir à choisir entre voir le monde et le sauver. »

Donc, si vous prenez l’avion avec Delta — la première compagnie aérienne neutre en carbone — au lieu d’utiliser une autre compagnie aérienne qui exploite le même avion vers la même destination, non seulement vous voyez le monde, mais vous le sauvez. Mais si vous voyagez avec une autre compagnie aérienne, vous ne sauvez pas le monde. Le monde pourrait périr si vous ne le sauvez pas en volant avec Delta. Tant pis pour United, Air Canada et toutes les autres compagnies aériennes.

« Vert » comme distinction inutile

Dans une récente vidéo de l’Institut Fraser, l’animatrice de l’entrevue, Danielle Smith, a demandé à son invitée, Lynne Kiesling de l’Université de Colorado-Denver, si la production hydroélectrique est « verte »[5]. La réponse était « oui » et « non ». Elle est verte en ce sens que l’eau qui coule au-dessus d’un barrage n’émet pas de CO2. Mais cela a aussi des effets néfastes sur l’environnement.

La réponse de Lynne Kiesling démontre que le fait que la production d’hydroélectricité soit étiquetée « verte » importe peu, parce que cela ne nous dit pas ce que le projet fait ou ne fait pas à l’environnement local. Une meilleure question serait : « Si une nouvelle centrale hydroélectrique devait être construite à l’emplacement X, quels seraient ses effets positifs et négatifs sur l’environnement? » Il n’est pas nécessaire d’utiliser le mot « vert » pour poser la question ou y répondre.

Comme nous associons la couleur verte à l’herbe, aux feuilles et aux plantes, elle suscite des émotions réconfortantes. Mais notre amour du « vert » ne nous dit rien sur la question de savoir si une technologie énergétique donnée porte des coûts environnementaux acceptables compte tenu de ses avantages par rapport aux technologies de remplacement. Laissons un peu de côté le discours écolo et commençons à parler de ce qui se passe réellement.

ÉNERGIES RENOUVELABLES

Que sont les énergies renouvelables?

Que sont les énergies renouvelables? Ce que vous voulez qu’elles soient, semble-t-il. Mais on les considère toujours comme des sources d’énergie vertes et souhaitables.

La production hydroélectrique est parfois classée comme renouvelable, même si rien n’est renouvelé. Il ne s’agit en fait que d’eau qui coule vers le bas et qui passe par les turbines des génératrices d’électricité. On peut dire la même chose de l’énergie éolienne ou solaire : lorsque le vent souffle les pales des turbines tournent, mais le vent n’est pas renouvelé par les humains, pas plus que les humains ne renouvellent le soleil lorsqu’il brille. Il serait plus exact de décrire la caractéristique commune des trois types de génération comme n’émettant pas de CO2. Il n’est pas nécessaire d’utiliser le mot « renouvelable » pour parler des effets positifs et négatifs de ces technologies.

Les énergies renouvelables ont un rôle très limité

Les combustibles fossiles dominent toujours l’approvisionnement énergétique mondial. En 2019 (avant l’impact de la pandémie), 84 % de l’énergie primaire mondiale provenait du pétrole, du gaz et du charbon[6]. Les sources renouvelables ont fourni 5,0 % de l’énergie, l’hydroélectricité 0,3 % et le nucléaire 4,3 %. Au Canada, 87 % de l’énergie primaire provenait du pétrole, du gaz et du charbon[7].

De toutes les sources d’énergie consommées par les Canadiens, l’électricité ne représente environ que 22 % (les 78 % restants sont utilisés pour le chauffage, le transport, la fabrication et l’agriculture[8]). La production d’électricité par type de combustible en 2018 a montré que le vent, le soleil et la biomasse — les énergies renouvelables traditionnelles — ne représentaient que 7 % de la production d’électricité au Canada (le reste provenait de l’hydroélectricité, du nucléaire et des combustibles fossiles[9]). Sept % de 22 % représentent 1,54 %, soit la contribution totale de l’énergie éolienne, solaire et de la biomasse à la consommation d’énergie au Canada. Les énergies renouvelables ne permettront pas au Canada d’atteindre la carboneutralité de sitôt.

Le brûlage d’arbres est-il renouvelable?

Une autre source d’énergie renouvelable est la biomasse, comme certains le savent. Bien que la biomasse comprenne une variété de technologies comme l’énergie provenant des déchets ou la géothermie, la grande majorité de la biomasse est constituée de granulés de bois brûlés pour produire de la vapeur, qui passe par des turbines pour produire de l’électricité.

Par exemple, l’usine Drax au Royaume-Uni brûle des granulés de bois importés des États-Unis, du Canada et du Brésil (ainsi que de sources nationales). Tout d’abord, une grosse machine à moteur diesel coupe des arbres, puis des camions à moteur diesel transportent les grumes vers une installation qui utilise des combustibles fossiles pour fabriquer les granulés de bois. Les granules sont transportées par train ou camion à moteur diesel vers un port, où un navire à moteur diesel les transporte vers le Royaume-Uni. Selon le bulletin Environnement Yale 360, la combustion de granules de bois libère autant, voire plus, de CO2 par unité d’énergie que la combustion de charbon[10]. Pourquoi ces émissions cumulativement importantes sont-elles encouragées? Tout simplement parce qu’en raison d’une échappatoire dans la définition, le brûlage des arbres a été traité comme étant une source d’énergie renouvelable, et tout ce qui est renouvelable est traité comme étant bon.

En théorie, lorsqu’on coupe des arbres, on peut en replanter d’autres, mais la théorie pose des problèmes. Premièrement, les arbres de remplacement n’offrent pas la même combinaison naturelle d’espèces que l’on trouve dans une forêt; ce sont habituellement des arbres d’une même espèce qui croissent rapidement et qui exigent beaucoup d’insecticides (qui peuvent pénétrer dans le sol et l’eau) pour éviter les pertes de cultures. Deuxièmement, les semis mettent des décennies à atteindre une hauteur suffisante, lorsqu’ils sont de nouveau récoltés pour la combustion. Dans le cas de la biomasse, l’étiquette générique « renouvelable » cause en fait plus d’émissions et plus de dommages aux forêts matures, ce qui est tout à fait contraire à l’objectif de la politique environnementale.

La ruse de la taxonomie de l’Union européenne

En Europe, la crise énergétique s’aggrave, exacerbée récemment par l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Cette crise s’explique en grande partie par la fermeture de nombreuses centrales nucléaires et usines de gaz, tout en créant une dépendance excessive à l’égard de la production d’énergie éolienne. Le vent a ensuite cessé de souffler pendant une période prolongée. Il a donc fallu remplacer la production d’énergie éolienne perdue par une production au gaz. Mais cette flambée de la demande de gaz a entraîné une flambée des prix de l’essence. Elle a également accru la dépendance de l’Europe à l’égard du gaz de la Russie. Comme la Russie a stratégiquement limité ses exportations de gaz vers l’Europe, plusieurs pays ont dû brûler plus de charbon pour garder les lumières allumées[11]. Le charbon émet environ deux fois plus de CO2 que le gaz.

Après de longs débats, l’Union européenne, qui cherche désespérément à accroître son approvisionnement en électricité sans brûler encore plus de charbon, a modifié sa « taxonomie » verte pour traiter la production nucléaire et gazière comme « verte » à des fins d’investissement[12].

Mais la technologie nucléaire utilise de l’uranium, une ressource limitée qui n’est pas renouvelable. De même, le gaz naturel, une autre ressource limitée, n’est pas plus renouvelable que le charbon. Ces gouvernements essaient de cacher le jeu politique évident : l’an dernier, le nucléaire et le gaz étaient dangereux et sales, cette année, ils sont verts. Qu’est-ce qui a changé? La taxonomie.

Accroître la dépendance tout en diminuant la fiabilité

L’énergie, c’est la vie. Une électricité sûre et fiable 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, 365 jours sur 365, est essentielle à nos vies, comme l’Europe est en train d’apprendre péniblement par l’invasion de l’Ukraine par la Russie. La crise énergétique européenne illustre bien ce qui se passe lorsque les pays augmentent leur dépendance à une technologie de production intermittente tout en diminuant la fiabilité globale de leurs réseaux électriques. Si plus d’un certain pourcentage de la production d’électricité (environ 33 à 50 %, selon le système) fait appel à des technologies éoliennes et solaires non fiables et tributaires des conditions météorologiques, alors les combustibles fossiles ou le nucléaire de réserve seront essentiels lorsque le vent ne soufflera pas ou que le soleil ne brillera pas. Sans ces dispositifs de secours, les fournaises et les climatiseurs cessent de fonctionner, tout comme les réfrigérateurs, les ordinateurs et les lumières, les pompes à essence et les véhicules électriques. En fermant ses propres activités d’exploration et d’extraction de gaz, l’Europe a accru sa dépendance envers le gaz russe pour l’énergie éolienne et solaire.

Les répercussions de l’utilisation répandue des véhicules électriques

À titre d’exemple de politique « verte et propre », prenons l’exemple des véhicules électriques. Les VE deviendront les seuls véhicules vendus après 2035, lorsque le Canada interdira la vente de véhicules à moteur à combustion interne. L’énergie qui circule à travers le fil pour charger un VE est sans émission, contrairement à ce qui sort du tuyau d’échappement d’un moteur à combustion interne. Mais ce n’est là qu’une répercussion parmi tant d’autres. Certaines questions se posent :

1. Le véhicule lui-même

(i) Comment l’électricité nécessaire pour charger la batterie est-elle produite? Si, comme à certains endroits, elle est principalement produite à partir de charbon ou de gaz, vous avez une voiture à combustibles fossiles qui utilise des batteries pour stocker l’électricité produite à partir de combustibles fossiles. (ii) Comment les 1 000 lb de batteries de la voiture sont-elles fabriquées? Probablement en utilisant du matériel d’excavation alimenté par des combustibles fossiles en Chine ou en Afrique pour déplacer des tonnes de terre afin d’extraire les petites quantités de minéraux et de produits chimiques utiles qui entrent dans la composition de la batterie. (iii) Qu’adviendra-t-il du prix de certains de ces matériaux rares (dont la Chine contrôle en grande partie l’approvisionnement) à mesure que de plus en plus de VE seront fabriqués et que les vieilles batteries de VE devront être remplacées? (iv) Comment ces milliards de grosses batteries lourdes seront-elles recyclées ou éliminées?

2. Son incidence sur votre quartier

Les VE ont besoin de chargeurs haute tension pour un chargement rapide. Les fils qui alimentent votre maison et celles de vos voisins ont été conçus pour répondre à une demande d’électricité beaucoup plus faible avant l’arrivée des VE. À mesure que d’autres VE sont chargés dans votre secteur, la capacité du réseau de câblage risque de devenir surchargée. Les ingénieurs d’EPCOR, la grande entreprise de distribution d’électricité et d’eau d’Edmonton, ont mené une étude sur l’impact des VE et ont conclu, à la diapositive 14, que :

  • La demande de charge est le facteur important.
    • Un seul VE peut surcharger un transformateur de service standard
    • Un petit nombre de VE pourrait entraîner des surcharges de circuit[13]

Pour charger plus qu’un petit nombre de VE, il faudrait, bien avant 2035, reconstruire tout le réseau de distribution local de chaque réseau de distribution d’électricité municipal et provincial, ce qui prendrait des années et coûterait des milliards de dollars. Ces coûts seraient refilés soit aux consommateurs d’électricité par des tarifs majorés, soit aux contribuables par des hausses de taxes, ou les deux, même si la grande majorité des Canadiens n’avaient pas encore acheté de VE. En fait, la plupart des Canadiens subventionneront la petite minorité qui possède des VÉ. De plus, à mesure que le coût de l’électricité augmente, le coût de la recharge d’un VE augmente également.

REGARDER DERRIÈRE LES ÉTIQUETTES

Les vrais chefs de file de l’environnement ne font pas la promotion de slogans creux comme « Des emplois verts et propres » ou « Mieux reconstruire ». Si, en tant que pays, nous prenons la protection de l’environnement au sérieux, nous devons cesser d’utiliser les étiquettes « vert » et « renouvelable » et examiner les avantages et les inconvénients des diverses formes d’énergie en fonction de leurs mérites, y compris leur fiabilité et leur coût.

Si tous les combustibles fossiles doivent être progressivement éliminés pour atteindre la carboneutralité d’ici 2050, tous les systèmes de chauffage, d’éclairage, de transport et de fabrication devront devenir entièrement électriques. Les pays occidentaux promettent tous de le faire, sans jamais expliquer comment. La Chine est peut-être le gouvernement le plus honnête lorsqu’il s’agit d’admettre que la recherche de la carboneutralité doit être équilibrée avec les réalités économiques et sociales[14].

Comme l’expérience européenne l’a démontré récemment, la sécurité énergétique est essentielle et ne sera pas compromise par des objectifs politiques en matière de climat. Les États-Unis et le Canada ont peut-être une décennie de retard sur les Européens et n’ont pas encore appris la leçon de fiabilité à leurs dépens. Voilà pourquoi je m’attends à ce que nous soyons témoins d’un « grand demi-tour » lorsque « grande réinitialisation » à la carboneutralité se heurtera à un mur de briques, ce qui est inévitable. Bien sûr, on ne l’appellera pas ainsi — il s’agira simplement d’un changement de taxonomie.

 

* Andrew Roman est un avocat récemment retraité qui a contribué au développement du droit administratif, environnemental et énergétique au Canada au cours des 50 dernières années. Il a récemment témoigné devant divers comités de la Chambre des communes et du Sénat sur des questions environnementales.

M. Roman a comparu en tant que conseiller juridique devant de nombreux tribunaux administratifs, y compris la Cour suprême du Canada. Il est l’auteur de quelque 90 articles juridiques publiés et d’un livre, et a été membre auxiliaire du corps enseignant de quatre facultés de droit canadiennes tout en maintenant une pratique active du droit de 1973 à 2017.

Vous pouvez lire d’autres articles d’Andrew Roman sur divers sujets liés à l’énergie sur son blog, ici : andrewromanviews.blog.

  1. Cristina Brooks, « EU Taxonomy adds gas, nuclear despite veto from EC own experts » S&P Global (4 février 2022), en ligne : <cleanenergynews.ihsmarkit.com/research-analysis/eu-taxonomy-adds-gas-nuclear-despite-thumbsdown-from-ecs-own-e.html>.
  2. Environnement et Changement climatique Canada, Plan de réduction des émissions pour 2030 : Prochaines étapes du Canada pour un air pur et une économie forte, no de catalogue 4-460/2022F-PDF Gatineau : Environnement et Changement climatique Canada, 2022, en ligne (pdf) : <www.canada.ca/content/dam/eccc/documents/pdf/climate-change/erp/Plan-Reduction-Emissions-2030-Canada-fra.pdf>.
  3. Voir « Darrell Issa explore Green Jobs – June 7, 2012 », en ligne (vidéo) : YouTube <www.youtube.com/watch? v=q0IQ_vI9WZ0>.
  4. Amelia DeLuca, « An Update on Our Path to Net Zero » (28 septembre 2021), en ligne : Delta <news.delta.com/update-our-path-net-zero>.
  5. The Fraser Institute, « Alternating Currents : re-amining electricity markets in Canada » (21 janvier 2022), en ligne (vidéo) : YouTube <www.youtube.com/watch? v=kJsqSn013qI>.
  6. British Petroleum, « Statistical Review of World Energy, 69th Edition » (2020), en ligne (pdf) : <www.bp.com/content/dam/bp/business-sites/en/global/corporate/pdfs/energy-economics/statistical-review/bp-stats-review-2020-full-report.pdf>.
  7. Statistique Canada, « Approvisionnement et demande d’énergie, 2019 » (21 janvier 2021), en ligne : <www150.statcan.gc.ca/n1/daily-quotidien/210121/dq210121d-fra.htm>.
  8. Ibid.
  9. Régie canadienne de l’énergie, « Profils énergétiques des provinces et territoires – Canada » (dernière modification le 25 avril 2022), figure 2, en ligne : <www.cer-rec.gc.ca/fr/donnees-analyse/marches-energetiques/profils-energetiques-provinces-territoires/profils-energetiques-provinces-territoires-canada.html>.
  10. Roger Drouin, « Wood Pellets : Green Energy or New Source of CO2 Emissions? » (22 janvier 2015), en ligne : <E360.yale.edu/features/wood_pellets_green_energy_or_new_source_of_co2_emissions>.
  11. Todd Gillespie, « Europe Forced to Rely on Expensive, Dirty Coal to Keep Lights On », Bloomberg (25 janvier 2022), en ligne : <www.bloomberg.com/news/articles/2022-01-25/europe-forced-to-rely-on-expensive-dirty-coal-to-keep-lights-on? mc_cid=33664feadb&mc_eid=ac7042661f>.
  12. « EU to keep ‘green’ gas and nuclear labels », euobserver (27 janvier 2022), en ligne : <euobserver.com/tickers/154213? mc_cid=02dab7466b&mc_eid=ac7042661f>.
  13. Darren McCrank, « DER Integration – EPCOR’S Experience in Edmonton » (2019), en ligne (pdf) : CEO <www.oeb.ca/sites/default/files/stakeholder-presentations-EPCOR%20Utilities_Day%202.pdf>.
  14. « China’s Xi Says Climate Targets Can Not Compromise Energy Security », Bloomberg News (25 janvier 2022), en ligne : <www.bloomberg.com/news/articles/2022-01-26/xi-Jinping-says-climate-targets-can-t-compromise-energy-security? mc_cid=d94787db9d&mc_eid=ac7042661f>.

 

4 Comments

  1. Robert Lyman says:

    Thank you, Roman, for bringing together in one highly articulate and well-organized article so many of the objections that need to be raised to the « green » mania.

  2. Paul Viminitz says:

    Taxonomical sleights-of-hand are by no means confined to energy-talk. What has always been just quota hiring, and was once called affirmative action, is now relabelled as Equity Diversity and Inclusion. George Orwell understood this far too well. But much worse is virtue signalling patter – indigenisation, decolonisation – which, when pressed, refers to nothing at all.

  3. Thank you, Roman. Very informative indeed, specially as we are in the process of putting together a new nuclear power plant in the Philippines. Green is indeed a conspiracy, and if I may add, to perpetuate poverty. Really sad.

  4. Joyce Amiwero says:

    You say it as it is; very hard these days to see an article like this. Thank you.

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