INTRODUCTION DE LA PART DES AUTEURS
Le dernier numéro de la Publication trimestrielle sur la règlementation de l’énergie présentait un article d’Ahmad Faruqui intitulé « Accélérer l’électrification en réduisant ses coûts d’exploitation grâce à une tarification au coût marginal en fonction de la technologie utilisée »[1]. Deux commentaires sur cet article suivent.
En tant que forum pour discuter et débattre des questions touchant les industries règlementées du secteur de l’énergie, l’équipe de la Publication trimestrielle sur la règlementation de l’énergie invite les lecteurs à lui faire part de leurs commentaires.
Carl R. Danner
J’ai bien aimé cet article de M. Faruqui, et je peux comprendre l’attrait de la discrimination par le prix au profit des charges supplémentaires aux fins que favorisent les décideurs. Dans la mesure du possible, cela préserverait la position des autres clients et les charges, comme il l’a mentionné. Il s’agit d’un point qui a été soulevé dans d’autres cas de tarifs préférentiels pour des demandes supplémentaires, comme les faibles tarifs du gaz naturel parfois offerts depuis plusieurs années à des clients industriels qui avaient la possibilité de passer aux combustibles pétroliers.
En même temps, cette proposition soulève des questions d’ordre pratique et philosophique, à savoir :
- Pour un client qui adopte la nouvelle technologie, quelle quantité d’électricité devrait être offerte au tarif préférentiel ? Y a-t-il un moyen de faire le suivi de l’utilisation supplémentaire réelle ? Quelle est la probabilité d’une erreur si l’on tente de prendre des mesures simples (comme des comparaisons des factures avant et après l’adoption) ? Pourrait-on envisager un simple rabais par bloc (p. ex. une thermopompe = un nombre fixe de kilowattheures au tarif du coût marginal) ?
- Qu’en est-il des possibilités d’arbitrage, par exemple en tirant la consommation électrique utile au ménage de la batterie de la voiture ? Ou en chargeant la voiture pour recharger les batteries de la maison du voisin avant de la recharger à nouveau ? Est-ce qu’un incitatif aussi important sur le plan des prix susciterait des réponses de plus en plus novatrices ? Mon exemple créatif préféré a été la découverte par le personnel de la California Public Utilities Commission d’un faux réservoir à mazout et de faux tuyaux dans une installation industrielle qui cherchait à payer un tarif réduit pour le gaz naturel destiné aux personnes ayant une capacité de commutation de carburant. Si nous qualifions l’utilisation à des fins non planifiées de « fuite », de quel ordre serait-elle dans le cadre de cette proposition tarifaire ?
- Qu’est-ce qui rend la demande d’électricité pour les véhicules électriques et les thermopompes si valable par comparaison à d’autres demandes qui sont maintenant réduites en raison des prix élevés de l’électricité en Californie ? Pourquoi les préférences des représentants du gouvernement sont-elles si importantes et celles des membres du public (pour eux-mêmes) si négligées ?
- En ce qui concerne les frais fixes imposés récemment sur les factures d’électricité des grandes entreprises de services publics de la Californie (pour réduire, dans une certaine mesure, les taux d’utilisation élevés), une comparaison plus appropriée à l’échelle nationale se baserait-elle sur le pourcentage de la facture plutôt que sur un montant moyen ? Sur la même base dollar pour dollar, quel est le ratio des tarifs par kWh de la Californie par rapport à ceux du reste du pays ? Étant donné les factures surdimensionnées de la Californie, des frais fixes plus élevés pourraient-ils tout simplement faire partie du forfait ?
- En ce qui concerne l’adoption des thermopompes, incluant des coûts d’installation réalistes et le cycle de vie complet des véhicules électriques, quel est le coût par tonne de réduction du carbone ? Comment cela change-t-il si l’on inclut des estimations raisonnables des pertes de bien-être pour les consommateurs en raison d’une adoption forcée ou sous pression ? (Bien que cela dépasse la portée de l’analyse de M. Faruqui, il s’agit de questions importantes et peut-être que quelqu’un y a répondu.)
- Le coût des véhicules électriques et de l’adoption des thermopompes pourrait donner à penser que les mieux nantis profiteraient de façon disproportionnée de cette politique. Est-ce exact et, le cas échéant, acceptable ?
- La proposition de M. Faruqui pourrait-elle s’appliquer également aux exploitants de bornes de recharge pour véhicules ? Pourrait-on leur offrir des prix de gros plus sophistiqués, par exemple un tarif fortement réduit pendant les périodes où la production d’énergie solaire est excédentaire ?
J’espère que ces questions susciteront l’intérêt des lecteurs de l’analyse de M. Faruqui.
Philip Quadrini
L’article[2] de M. Faruqui explique comment la conception des tarifs d’électricité peut constituer un obstacle à l’adoption de technologies d’utilisation finale écologiques et pourquoi le prix de ces technologies devrait être fixé au coût marginal des services publics.
Dans mon article d’opinion publié dans le San Francisco Chronicle[3], j’ai proposé de facturer l’utilisation supplémentaire écologique au taux inférieur du niveau 1 (de base). Richard McCann, de M-Cubed, m’a fait remarquer par la suite que le coût marginal des services publics est beaucoup plus fondé sur le coût et qu’il est moins élevé. Je ne peux qu’être d’accord.
Premièrement, j’aimerais proposer une conception tarifaire plus simple que celle proposée par M. Faruqui : au lieu d’utiliser les changements dans les formes de charge d’un client pour appliquer le tarif du coût marginal, je propose de l’appliquer à des niveaux d’utilisation prédéterminés pour chaque technologie verte particulière, pour autant que le client soit assujetti à un tarif fondé sur le temps d’utilisation bien conçu.
Par exemple, les clients ayant un véhicule électrique devraient payer le tarif marginal pour leur première tranche de 300 kWh d’utilisation mensuelle (ou recevoir un rabais proportionnel), peu importe leur utilisation réelle de l’énergie pour charger leur véhicule électrique. Pacific Gas and Electric Compagny (« PG&E ») utilise déjà cette méthode pour les clients qui possèdent du matériel médical indispensable : 500 kWh/mois au tarif inférieur du niveau 1 (de base). Ce changement de conception tarifaire pourrait être mis en œuvre relativement rapidement et est facile à comprendre pour les clients.
Deuxièmement, il n’est pas nécessaire d’appliquer le tarif du coût marginal pour les thermopompes pendant les mois de mai à octobre, car la thermopompe remplace le climatiseur auparavant utilisé. Par conséquent, il n’y a pas d’augmentation nette de l’utilisation au cours de ces mois.
Enfin, M. Faruqui propose d’ajouter le coût de capacité à la conception tarifaire « si l’électrification dans certaines zones se heurte à des contraintes de capacité de distribution »[4]. Le problème s’est peut-être déjà présenté dans le cas des véhicules électriques. À moins que le propriétaire d’un véhicule électrique ne soit assujetti à un tarif fondé sur le temps d’utilisation, il est fort probable qu’il branchera son véhicule électrique à son retour du travail en début de soirée, alors que la demande sur le réseau de distribution est à son niveau le plus élevé. La plupart des clients ayant un véhicule électrique ne sont pas assujettis à un tarif fondé sur le temps d’utilisation, pas plus que la grande majorité des clients de l’énergie solaire traditionnelle. Cela peut entraîner et entraînera des ajouts de capacité et des augmentations de tarif.
La meilleure façon d’éviter cet effet est, premièrement, d’exiger que tous les clients soient assujettis à un tarif fondé sur le temps d’utilisation et, deuxièmement, de définir la période de pointe de 18 h à 21 h, assortie d’une période de quasi pointe une heure avant et une ou deux heures après. (Ces plages sont plus précises que la période de pointe actuelle de 16 h à 21 h utilisée par PG&E.) Cependant, il peut être nécessaire de définir une période de pointe légèrement différente dans les zones côtières où la forme de charge est différente.
Les thermopompes représentent un impact potentiellement coûteux pour le réseau dans les zones sans climatisation. Les services publics des régions où la climatisation est utilisée, qui représentent plus de 60 % des clients de PG&E, peuvent facilement prendre en charge l’augmentation des charges hivernales provenant des thermopompes parce que leurs circuits et leurs réseaux de distribution locaux ont été conçus pour des charges estivales beaucoup plus élevées. En revanche, dans les collectivités où la climatisation n’est pas utilisée, comme Berkeley, les services publics ont peu de capacité excédentaire en hiver pour absorber la nouvelle charge des thermopompes. Contrairement aux véhicules électriques, qui sont utilisés toute l’année, l’usage d’une thermopompe pour le chauffage des locaux est largement limité à une période de seulement cinq mois par année. Par conséquent, il n’est peut-être pas rentable d’encourager l’ajout de thermopompes sur certains circuits. Enfin, toute personne qui ajoute une thermopompe à une maison qui n’est pas équipée d’un système de climatisation — comme à Berkeley — l’utilisera probablement comme climatiseur en été. Cela pourrait aussi faire augmenter les coûts.
En résumé, la tarification au coût marginal est la bonne solution pour les excédents d’utilisation écologique de l’énergie électrique, mais seulement si la période de pointe est conçue pour éviter ou réduire au minimum les augmentations coûteuses de la charge. Pour ce faire, chaque entreprise de service public doit déterminer, pour chaque circuit et chaque zone de distribution locale, les moments de la journée et les mois où l’électrification verte augmente les coûts de distribution, puis concevoir la ou les solutions les moins coûteuses pour les atténuer. Cependant, comme les entreprises de services publics augmentent leurs profits en ajoutant de la capacité au réseau, cela exigera une surveillance législative et règlementaire.
INTRODUCTION DE LA PART DES AUTEURS
Le dernier numéro de la Publication trimestrielle sur la règlementation de l’énergie présentait un article d’Ahmad Faruqui intitulé « Accélérer l’électrification en réduisant ses coûts d’exploitation grâce à une tarification au coût marginal en fonction de la technologie utilisée »[1]. Deux commentaires sur cet article suivent.
En tant que forum pour discuter et débattre des questions touchant les industries règlementées du secteur de l’énergie, l’équipe de la Publication trimestrielle sur la règlementation de l’énergie invite les lecteurs à lui faire part de leurs commentaires.
Carl R. Danner
J’ai bien aimé cet article de M. Faruqui, et je peux comprendre l’attrait de la discrimination par le prix au profit des charges supplémentaires aux fins que favorisent les décideurs. Dans la mesure du possible, cela préserverait la position des autres clients et les charges, comme il l’a mentionné. Il s’agit d’un point qui a été soulevé dans d’autres cas de tarifs préférentiels pour des demandes supplémentaires, comme les faibles tarifs du gaz naturel parfois offerts depuis plusieurs années à des clients industriels qui avaient la possibilité de passer aux combustibles pétroliers.
En même temps, cette proposition soulève des questions d’ordre pratique et philosophique, à savoir :
J’espère que ces questions susciteront l’intérêt des lecteurs de l’analyse de M. Faruqui.
Philip Quadrini
L’article[2] de M. Faruqui explique comment la conception des tarifs d’électricité peut constituer un obstacle à l’adoption de technologies d’utilisation finale écologiques et pourquoi le prix de ces technologies devrait être fixé au coût marginal des services publics.
Dans mon article d’opinion publié dans le San Francisco Chronicle[3], j’ai proposé de facturer l’utilisation supplémentaire écologique au taux inférieur du niveau 1 (de base). Richard McCann, de M-Cubed, m’a fait remarquer par la suite que le coût marginal des services publics est beaucoup plus fondé sur le coût et qu’il est moins élevé. Je ne peux qu’être d’accord.
Premièrement, j’aimerais proposer une conception tarifaire plus simple que celle proposée par M. Faruqui : au lieu d’utiliser les changements dans les formes de charge d’un client pour appliquer le tarif du coût marginal, je propose de l’appliquer à des niveaux d’utilisation prédéterminés pour chaque technologie verte particulière, pour autant que le client soit assujetti à un tarif fondé sur le temps d’utilisation bien conçu.
Par exemple, les clients ayant un véhicule électrique devraient payer le tarif marginal pour leur première tranche de 300 kWh d’utilisation mensuelle (ou recevoir un rabais proportionnel), peu importe leur utilisation réelle de l’énergie pour charger leur véhicule électrique. Pacific Gas and Electric Compagny (« PG&E ») utilise déjà cette méthode pour les clients qui possèdent du matériel médical indispensable : 500 kWh/mois au tarif inférieur du niveau 1 (de base). Ce changement de conception tarifaire pourrait être mis en œuvre relativement rapidement et est facile à comprendre pour les clients.
Deuxièmement, il n’est pas nécessaire d’appliquer le tarif du coût marginal pour les thermopompes pendant les mois de mai à octobre, car la thermopompe remplace le climatiseur auparavant utilisé. Par conséquent, il n’y a pas d’augmentation nette de l’utilisation au cours de ces mois.
Enfin, M. Faruqui propose d’ajouter le coût de capacité à la conception tarifaire « si l’électrification dans certaines zones se heurte à des contraintes de capacité de distribution »[4]. Le problème s’est peut-être déjà présenté dans le cas des véhicules électriques. À moins que le propriétaire d’un véhicule électrique ne soit assujetti à un tarif fondé sur le temps d’utilisation, il est fort probable qu’il branchera son véhicule électrique à son retour du travail en début de soirée, alors que la demande sur le réseau de distribution est à son niveau le plus élevé. La plupart des clients ayant un véhicule électrique ne sont pas assujettis à un tarif fondé sur le temps d’utilisation, pas plus que la grande majorité des clients de l’énergie solaire traditionnelle. Cela peut entraîner et entraînera des ajouts de capacité et des augmentations de tarif.
La meilleure façon d’éviter cet effet est, premièrement, d’exiger que tous les clients soient assujettis à un tarif fondé sur le temps d’utilisation et, deuxièmement, de définir la période de pointe de 18 h à 21 h, assortie d’une période de quasi pointe une heure avant et une ou deux heures après. (Ces plages sont plus précises que la période de pointe actuelle de 16 h à 21 h utilisée par PG&E.) Cependant, il peut être nécessaire de définir une période de pointe légèrement différente dans les zones côtières où la forme de charge est différente.
Les thermopompes représentent un impact potentiellement coûteux pour le réseau dans les zones sans climatisation. Les services publics des régions où la climatisation est utilisée, qui représentent plus de 60 % des clients de PG&E, peuvent facilement prendre en charge l’augmentation des charges hivernales provenant des thermopompes parce que leurs circuits et leurs réseaux de distribution locaux ont été conçus pour des charges estivales beaucoup plus élevées. En revanche, dans les collectivités où la climatisation n’est pas utilisée, comme Berkeley, les services publics ont peu de capacité excédentaire en hiver pour absorber la nouvelle charge des thermopompes. Contrairement aux véhicules électriques, qui sont utilisés toute l’année, l’usage d’une thermopompe pour le chauffage des locaux est largement limité à une période de seulement cinq mois par année. Par conséquent, il n’est peut-être pas rentable d’encourager l’ajout de thermopompes sur certains circuits. Enfin, toute personne qui ajoute une thermopompe à une maison qui n’est pas équipée d’un système de climatisation — comme à Berkeley — l’utilisera probablement comme climatiseur en été. Cela pourrait aussi faire augmenter les coûts.
En résumé, la tarification au coût marginal est la bonne solution pour les excédents d’utilisation écologique de l’énergie électrique, mais seulement si la période de pointe est conçue pour éviter ou réduire au minimum les augmentations coûteuses de la charge. Pour ce faire, chaque entreprise de service public doit déterminer, pour chaque circuit et chaque zone de distribution locale, les moments de la journée et les mois où l’électrification verte augmente les coûts de distribution, puis concevoir la ou les solutions les moins coûteuses pour les atténuer. Cependant, comme les entreprises de services publics augmentent leurs profits en ajoutant de la capacité au réseau, cela exigera une surveillance législative et règlementaire.