FOSSIL FUTURE, ALEX EPSTEIN

I. INTRODUCTION

S’il y a une chose que l’on puisse reconnaître au sujet d’Alex Epstein, qui se décrit lui-même comme un philosophe et un expert en énergie, c’est qu’il ne craint pas d’aller à contre-courant. Son dernier opus, Fossil Fuels[1], sous-titré « Why Global Human Thrive Requires More Oil, Coal, and Natural Gas – Not Less », remet en question presque toutes les prémisses de la campagne urgente visant à remplacer les combustibles conventionnels par des solutions de rechange plus écologiques[2]. Et ces proclamations d’urgence présumée confrontent continuellement le public. Pour ne citer qu’un exemple tiré de ce qui fait les manchettes aujourd’hui, mentionnons le numéro du 5 septembre 2023 du Washington Post qui publiait à la une : [traduction] « Les maux liés au climat menacent l’humanité »[3]. Le principal éditorial de la même édition a fustigé le conseil scolaire du Texas pour avoir envisagé une norme de programme stipulant que « l’activité humaine influencerait [au lieu de “influence”] le climat » [traduction][4]. L’éditorial reconnaît que le Texas « devient toujours plus chaud en été » [traduction], mais il rappelle que « la gravité et la fréquence de la chaleur extrême ne feront qu’augmenter à mesure que la planète se réchauffe, en raison de l’utilisation des combustibles fossiles » [traduction][5].

Pour Epstein, ce genre d’avertissements sévères des médias grand public cristallise le problème qu’est la façon dont le public est informé. Pour l’auteur, les combustibles fossiles ne sont pas la menace — mais plutôt le salut — de la civilisation humaine. Qui plus est, non pas seulement comme un pont vers un avenir sans carbone : contrairement aux porte-parole des services publics et même de l’industrie pétrolière et gazière qui souscrivent sans réserve aux objectifs de « carboneutralité » à plus long terme (tout en reconnaissant le besoin d’hydrocarbures pour alimenter les sociétés pendant au moins une décennie ou deux), Epstein affirme, dans son volumineux ouvrage Fossil Future (qui s’étend sur 430 pages), que l’humanité aura besoin indéfiniment d’un approvisionnement robuste en combustibles fossiles. Ainsi, tandis que les environnementalistes pourraient considérer Epstein comme un climatosceptique extrême, il pourrait renverser le paradigme et apposer aux partisans de l’élimination rapide des combustibles fossiles l’étiquette de négationnistes de l’énergie.

Par souci de justice (et de clarté), Epstein ne nie pas que les émissions de carbone contribuent au réchauffement de la planète. Bien au contraire, dans une entrée en matière de 100 pages avant de toucher à l’essentiel de son propos, Epstein développe sa thèse de base selon laquelle les avantages des combustibles fossiles sur le plan du développement économique et du confort humain de base l’emportent de loin sur les inconvénients environnementaux et qu’en outre, insiste-t-il, les répercussions négatives sont « maîtrisable » par l’utilisation de combustibles fossiles.

II. PREMIERS PLANS

L’ouverture d’une centaine de pages (Partie I de Fossil Future) est essentiellement une élaboration du sous-titre pas si succinct de l’ouvrage. Epstein s’invite en proposant des réflexions sur la façon dont notre « système de connaissances » (une expression prisée par Epstein) s’articule dans la pratique. Une chaîne d’information sur des questions scientifiques prend ancrage chez des « experts » dont l’analyse est communiquée à des « diffuseurs » (p. ex. des journalistes de journaux grand public, des éducateurs et des porte-parole d’institutions scientifiques) pour cheminer jusqu’à des « évaluateurs » (éditorialistes, autres commentateurs publics et décideurs politiques)[6]. Epstein dénonce à plusieurs reprises une « chaîne de distorsions » dans ce système de connaissances descendant depuis des experts jusqu’à des évaluateurs[7].

L’auteur ajoute que « des milliards de personnes souffrent et meurent en raison du manque d’accès à de l’énergie rentable » [traduction][8] et y va de critiques à l’endroit de « nos experts désignés » (individus ou institutions choisis par le « système de connaissances » pour se prononcer sur les implications de la recherche dans le domaine du climat) pour leur persistance à ignorer les avantages liés aux combustibles fossiles[9]. Il y énumère, dans ce passage, un éventail d’« experts désignés » bien connus (comme James Hansen, Michael Mann, Al Gore, Amory Lovins, etc.) qui ont insisté sur les conséquences catastrophiques d’une dépendance continue aux combustibles fossiles tout en restant muets, aux dires de l’auteur, dans leur « argumentaire moral » voulant d’éliminer
ces carburants, devraient « intégrer […] les avantages uniques, considérables et désespérément nécessaires qu’offrent les combustibles fossiles »[10].

En plus des conseils des experts désignés qui laissent perplexe, Epstein mentionne le fait que « notre système de connaissances » [traduction] (souvent dirigé par ces mêmes experts) « appuie régulièrement l’élimination des deux solutions de rechange les plus rentables et non émettrices aux combustibles fossiles — des solutions de rechange que vous vous attendriez à ce que quiconque s’intéresse aux émissions de carbone défende avec enthousiasme, soit l’énergie nucléaire et l’énergie hydroélectrique » [traduction][11]. En outre, tandis qu’Epstein concède que le « système de connaissances » soutient « en théorie » l’énergie éolienne et solaire, « en pratique », ces technologies « doivent composer avec une opposition généralisée à l’échelle locale » parce qu’elles exigent l’exploitation minière, l’utilisation de « très grandes superficies » et impliquent « l’aménagement de lignes de transport d’électricité sur des distances de longueur inédite » [traduction][12].

Une autre accusation portée par Epstein est que les diffuseurs et les évaluateurs se rendent trop facilement aux arguments des « catastrophisateurs » des « effets secondaires » des combustibles fossiles (deux autres termes préférés du livre). Dans la partie I[13], l’auteur condamne un tel « catastrophisme », tout en affirmant que « le bilan réel de notre système de connaissances sur les changements climatiques est diamétralement erroné » et « exagère considérablement les effets secondaires » [traduction][14].

Pour résumer, les premières sections du livre pointent du doigt un « système de connaissances » au sens large qui aurait brossé un tableau qui, aux dires de l’auteur, privilégie les conseils de mauvais experts et présente des points de vue influents qui sont non seulement anti-énergie, en particulier, mais aussi, en fin de compte, anti-humains, en général.

III. POURQUOI LES DÉFENSEURS DE L’ENVIRONNEMENT SONT-ILS SI « ANTI-HUMAINS » ?

Epstein ne pose pas cette question précise. C’est toutefois le dilemme qui transcende une section abondante intitulée « The Anti-Impact Framework »[15] (le cadre anti-impact). La discussion qui s’ensuit semble fondamentale à tous les propos d’Epstein au sujet des choix énergétiques qui s’offrent à nous et des champs de forces qui les entourent. C’est ici que l’auteur se présente le plus ostensiblement sous son jour de philosophe. Son argument central — et incontestablement controversé — est que ceux qui préconisent l’élimination rapide des combustibles fossiles nourrissent un « objectif moral principal » qui est fondamentalement « anti-humain » [traduction][16].

Epstein développe cette théorie en soutenant que les environnementalistes[17] examinent tous les projets de développement énergétique à travers un prisme anti-impact. À son avis, ils présentent un concept de la nature voulant que celle-ci, à l’état non perturbé, maintienne un « équilibre fragile », de sorte que les activités humaines ayant un impact environnemental important menacent de renverser cet équilibre[18]. L’auteur a tellement de choses à dire à ce sujet qu’il faudrait plusieurs pages ne serait-ce que pour résumer ses propos. Cependant, certains extraits peuvent en illustrer l’essence. Epstein cite une critique favorable de l’ouvrage intitulé The End of Nature (1989), rédigé par un éminent environnementaliste, Bill McKibben :

Le bonheur humain, et certainement la fécondité humaine, n’est pas aussi important qu’une planète sauvage et saine […] D’ici à ce que l’Homo sapiens décide de se ranger du côté de la nature, certains d’entre nous ne peuvent qu’espérer que le bon virus vienne faire son œuvre [traduction][19].

Epstein reconnaît rapidement que ces exemples flagrants de « désignation explicite de notre objectif principal d’éliminer l’impact humain » sont « relativement rares » [traduction][20], mais il présente cette parcelle d’information comme preuve révélatrice du véritable programme des naturalistes radicaux (et, par extension, des détracteurs des combustibles fossiles les plus virulents). Des exhortations plus vagues, comme « passer au vert », affirme Epstein, édulcorent le programme anti-impact plus radical, mais, dans la pratique, elles exhortent indéfectiblement à « éliminer tous les types d’impacts humains — y compris la grande majorité des impacts humains qui sont bénéfiques à l’épanouissement humain » [traduction][21].

Pour revenir à la tension innée entre la protection de l’environnement et la mise en valeur des ressources énergétiques, Epstein souligne que chaque type d’énergie, qu’elle soit conventionnelle ou renouvelable, a une incidence significative sur le milieu naturel :

Toutes les formes d’énergie rentable sous-tendent l’exploitation de ressources naturelles — transformant le milieu naturel de manière significative […] L’un des aspects cruciaux, c’est que même lorsque le système de connaissances traditionnel ne soutient pas activement l’arrêt d’un certain développement, il demeure très complaisant envers ceux qui tentent de l’arrêter — parce qu’ils cherchent à éliminer une certaine forme d’impact humain, ce qui est considéré comme l’incarnation même de la moralité [traduction][22].

Réciproquement, l’auteur déplore que le « système de connaissances » considère que « les effets secondaires importants de l’énergie rentable sont immoraux et doivent être éliminés » [traduction][23]. Par ailleurs, Epstein dépeint de façon malhonnête le contraste que ses adversaires font ressortir entre une nature immaculée et nourricière et des répercussions néfastes de l’activité humaine. « Ils savent », affirme-t-il, que « le danger climatique a toujours été une menace pour la vie humaine que la plupart d’entre nous dans le ‘monde artificialisé’ ne peuvent pas même imaginer aujourd’hui » et que « selon le niveau de vie moderne [une nature sauvage] serait un espace plutôt inhospitalier » [traduction][24].

Vers la fin de cette discussion, l’auteur nous exhorte à rejeter le « cadre anti-impact » qui, dit-il, façonne indûment le discours sur les changements climatiques et les « effets secondaires » de la production et de la consommation d’énergie. Il devrait être remplacé, prétend-il, par un « cadre humain florissant » qui considère le « contexte complet » en « pesant les avantages et les effets secondaires des différentes formes d’énergie par rapport à l’épanouissement humain — ni en ignorant ni en catastrophant quoi que ce soit » [traduction][25].

Epstein conclut la partie I de Fossil Future en dévoilant enfin sa mission ou son « projet », comme il l’appelle. Il raconte qu’environ 14 ans plus tôt, il avait entrepris une étude des choix énergétiques de la société et qu’il en était venu rapidement à la conclusion que 1) l’avenir des combustibles fossiles dans le bouquet énergétique est une question extrêmement importante, mais que 2) le « système de connaissances principal », en intégrant son « cadre anti-impact garantit de nous aiguiller sur une voie destructrice et anti-humaine, et sa prescription d’éliminer rapidement les combustibles fossiles pourrait bien avoir des effets catastrophiques » [traduction][26]. Il a ensuite cherché « un expert général » qui pourrait fournir une « évaluation complète du contexte » plus éclairée, mais il a constaté que les spécialistes des sujets les plus importants (« énergie, économie, sciences de l’environnement, science du climat ») étaient « sous l’influence du cadre anti-impact » dont se méfie si profondément Epstein[27]. C’est à ce moment-là qu’il a décidé d’ajouter un chapeau d’« expert général des combustibles fossiles » à son habit de philosophe « en m’appuyant sur les meilleures sources et les meilleurs spécialistes que j’ai pu trouver » [traduction][28]. Le résultat est Fossil Future, une « synthèse de tout ce que [Epstein] a appris » [traduction][29].

IV. À PROPOS DU BOUQUET D’AVANTAGES

La Partie II de Fossil Fuels[30] entreprend d’éduquer le lecteur sur les avantages liés à la combustion de combustibles fossiles. Le style d’exposé d’Epstein ne fait pas dans la demi-mesure. Bien que ces « avantages » aient été un bruit de fond dans les pages précédentes[31], l’auteur affirme qu’ils « sont beaucoup plus importants que ce que j’ai pu expliquer jusqu’à présent ». De toute évidence, Epstein n’hésite pas à gonfler l’ambition qu’il se propose de réaliser.

Il commence par quelques réflexions sur la signification de la notion de « planète habitable », un terme qu’il perçoit comme un exemple de « terminologie vague et confuse en matière d’environnement ». Le terme entrelace deux objets différents, poursuit-il : une planète qui est « hautement habitable pour l’être humain » et une planète « immaculée » qui est « prétendument plus habitable » pour un large éventail d’espèces[32]. C’est l’ancienne version, où l’être humain et son épanouissement sont à l’épicentre, que privilégie Epstein. La question de savoir ce qui définit un monde habitable et ce qui le favorise occupe les pages suivantes. Les qualités qui lui servent de règle étalon sont (1) « nourricière », (2) « sécuritaire » et (3) « regorgeant de possibilités » [traduction][33]. Comme il fallait s’y attendre, Epstein considère la production et l’utilisation des combustibles fossiles comme le moyen d’atteindre ces objectifs d’habitabilité.

Le chapitre présente des graphiques côte à côte illustrant l’espérance de vie, la population mondiale et le PIB par habitant au cours des deux derniers millénaires et observe qu’ils reflètent un graphique des émissions de dioxyde de carbone où la hauteur des « bâtons » augmente à partir de la fin du XIXe siècle[34]. Ces corrélations, conclut-il, reflètent « une formidable amélioration de l’habitabilité de la Terre », en dépit de « nombreux impacts [humains] certes liés à l’utilisation des combustibles fossiles […] » [traduction][35]. Pourtant, à la consternation d’Epstein, le « système de connaissances et ses experts désignés » passent à côté de ces parallèles en s’en tenant obstinément à leur « cadre anti-impact » :

[B]ien que la Terre soit plus habitable que jamais, elle est généralement considérée comme “détruite” en raison de notre important impact — même si cet impact a sorti des milliards de personnes de la pauvreté et qu’elles sont maintenant beaucoup plus en sécurité face aux dangers climatiques [traduction][36].

Revenant à la corrélation entre la hausse des niveaux de CO2 et ses approximations de l’« habitabilité » de la planète, Epstein concède d’abord que les corrélations ne prouvent pas nécessairement la causalité[37], mais soutient ensuite qu’elles sont « souvent des reflets » d’un lien de causalité. « Dans ce cas-ci », poursuit-il, « la relation de cause à effet est telle que presque personne ne s’en rend compte : l’énergie à base de combustibles fossiles ultra-rentable qui émet le CO2 entraîne littéralement l’augmentation sans précédent de la qualité de vie dans le monde » [traduction][38]. Partant de là, Fossil Future explique comment l’invention de machines et l’innovation ont réussi, d’innombrables façons, à déplacer le travail manuel au profit de l’humanité qui récolte les avantages de la productivité. Cette marche du progrès, souligne Epstein, n’aurait pu être connue sans les combustibles fossiles pour produire et alimenter les machines[39].

V. L’ÉDIFICE DES AVANTAGES CONTRE LES « EFFETS SECONDAIRES »

Comme on l’a vu, Fossil Fuels adopte une vision sombre du « système de connaissances » qui façonne les impressions du grand public au sujet de l’énergie thermique et de ses compromis ou inconvénients. Les idées d’Epstein sur l’obtention d’un point de vue plus équilibré occupent une grande partie de la deuxième moitié du livre, mais les dernières pages du chapitre 4 (« Our Unnaturally Livable Fossil-Fueled World ») ramollissent l’assise en proposant une rhétorique dure sur la façon dont ce système de connaissances représente le membre « avantages » de l’équation.

Dans une discussion sur les effets de la combustion de combustibles fossiles sur la santé humaine, l’auteur souligne d’abord que, mis à part le dioxyde de carbone, « la pollution atmosphérique aux États-Unis a considérablement diminué » [traduction][40]. L’affirmation selon laquelle « les effets secondaires de l’énergie fossile sont de plus en plus neutralisés par ses avantages » est une autre façon d’aborder la question. Le concept de « neutralisation » comporte de multiples facettes. L’une ne consiste pas nécessairement à réduire « l’effet lui-même », mais plutôt ses conséquences négatives[41]. Une autre est un rappel des avantages (p. ex. pour la santé et le bien-être humains) que procurent les combustibles fossiles. Par exemple, il s’impatiente devant les études qui prétendent montrer une réduction de l’espérance de vie en raison des émissions de charbon en Chine, insistant sur le fait que « toute étude précise » montrerait une augmentation spectaculaire de l’espérance de vie, ajoutant :

[l]e fait que nous n’en entendons jamais parler illustre encore une fois à quel point notre système anti-impact, anti-énergie et, en fin de compte, anti-humain est sans valeur […] [traduction][42].

De même, Epstein fait preuve de peu de patience à l’égard des études selon lesquelles les prix des combustibles fossiles ne reflètent pas les « externalités » négatives. Pour être justes, dit-il, ces études devraient également s’efforcer de refléter les externalités positives (en d’autres termes, la valeur économique fournie par une unité donnée de pétrole, de gaz naturel ou de charbon). Si nous devions payer pour les externalités positives, avance-t-il, « nous donnerions une part importante de nos économies de toute une vie à l’industrie des combustibles fossiles » [traduction][43].

VI. « RENTABILITÉ » DES COMBUSTIBLES FOSSILES PAR RAPPORT AUX COMBUSTIBLES DE REMPLACEMENT

Jusqu’à ce point, Epstein a généreusement saupoudré son livre de références à l’« ultra rentabilité » des combustibles fossiles. Au chapitre 5[44], il va au-delà de la simple affirmation et creuse plus profondément cette facette de son argument global sur les avantages. Sa position sur le rapport coût-efficacité doit nécessairement contrecarrer l’affirmation communément entendue des détracteurs des combustibles fossiles selon laquelle les énergies renouvelables non seulement ouvrent la voie à un avenir plus vert et plus propre, mais sont déjà plus concurrentielles que les combustibles conventionnels[45]. Ce débat économique pourrait éclairer davantage les professionnels de l’énergie que la rétrospective d’Epstein sur les contributions historiques du charbon, du pétrole et du gaz naturel à la civilisation.

Une grande partie de cette section est consacrée aux avantages naturels des combustibles fossiles du point de vue chimique et physique. Contrairement au « flux intermittent » de la lumière solaire et du vent qui exigent des procédés de conversion, de transport et de stockage « massif »[46], observe Epstein, les combustibles fossiles ont déjà « stocké naturellement l’énergie d’anciens organismes, et sont en fin de compte une énergie solaire stockée naturellement » et fournissent un « système de stockage d’énergie de masse à l’usage de l’humain » [traduction][47]. Un autre avantage essentiel est la « densité énergétique » des combustibles fossiles, qui facilite le transport économique à l’échelle mondiale[48]. Un autre avantage des combustibles fossiles est simplement que compte tenu de leur longue existence « une quantité inégalée d’innovation et de réalisations économiques a été consacrée à l’exploitation » de leurs attributs physiques, créant « une barre incroyablement haute pour les solutions de rechange potentielles […] » [traduction][49]. En d’autres termes, les acquis penchent à leur avantage.

Enfin, ces combustibles (couramment appelés « ressources limitées » il y a vingt-cinq ans ou plus) « existent en quantités effarantes », insiste l’auteur[50]. Même si les déclarations sur les « réserves » actuelles ne parlent que de décennies de disponibilité, Epstein distingue les « réserves » des « dépôts », ces derniers étant un meilleur indicateur de l’abondance future. À cet égard, Fossil Future nous assure que « les dépôts […] sont absolument énormes » et peuvent fournir du carburant pour les « siècles à venir » [traduction][51].

L’ouvrage cite la « révolution de l’énergie basée sur le schiste » comme un exemple éloquent de la façon dont les progrès technologiques ont accéléré la production de pétrole et de gaz naturel « au cours de la dernière décennie, particulièrement aux États-Unis » [52]. L’exemple est certainement valable, mais Epstein pourrait être plus nuancé lorsqu’il affirme simplement qu’« en 2019, les États-Unis étaient un exportateur net de pétrole » [traduction][53]. La réalité est plus compliquée. Le site Web de l’Energy Information Administration (EIA) (une source sur laquelle s’appuie Epstein) indique que les États-Unis étaient un exportateur total net d’énergie cette année-là et qu’en novembre 2019, ils étaient un exportateur net de produits pétroliers. Mais ils étaient toujours un importateur net de pétrole brut (malgré des progrès importants dans la réduction des niveaux d’importation depuis environ 2005[54]).

VII. L’ARGUMENT CONTRE UNE FORTE PRESSION EN FAVEUR DES ÉNERGIES RENOUVELABLES

Le chapitre 6 « Alternatives: Distorsions versus Realities » s’attaque à un sujet connexe et non moins central, à savoir : quelle serait une attente réaliste quant à la pénétration des énergies renouvelables ou « vertes » au cours des dix prochaines années et au-delà? Fossil Future se heurte aux cris de guerre familiers des défenseurs de l’« énergie verte », qui affirment que la crise climatique sévit déjà, que les dommages causés à l’atmosphère par les émissions de combustibles fossiles approchent d’un point d’inflexion irréversible, que la seule façon de s’en sortir est un engagement radical à l’égard des solutions de rechange non émettrices de carbone; que les énergies éolienne et solaire — au moins pour alimenter le réseau — sont plus qu’à la hauteur de la tâche et qu’un engagement plus dynamique à l’égard des véhicules électriques (VE) accélérera le confinement du pétrole à un rôle beaucoup plus modeste dans la mobilité.

Epstein y va d’emblée de ridiculiser les projections du « système de connaissances » selon lesquelles l’énergie verte remplacera totalement les combustibles conventionnels en « moins de trente ans ». Il se dit encore plus sidéré par les prétentions d’« un groupe d’éminents universitaires et d’autres personnes influentes » qui soutiennent que le réseau électrique pourra être entièrement alimenté par des sources d’énergie renouvelables à la fin de la présente décennie[55]. Ainsi, un aspect central du « projet » de l’auteur consiste à démystifier ce qu’il décrit comme « les allégations absurdes de notre système de connaissances anti-énergie » [traduction][56].

Pour ce faire, Epstein pointe du doigt un assortiment de faussetés qui, allègue-t-il, transcende de telles prédictions. L’une d’elles est que « l’efficacité énergétique » est la « solution la plus facile » qui se traduira par une réduction de la consommation d’énergie[57]. L’auteur estime qu’il s’agit d’un leurre parce des milliards de personnes qui vivent dans les pays du tiers monde sont actuellement mal desservies ou non desservies par des systèmes rentables de combustion de combustibles fossiles et qu’on peut s’attendre à ce que ces populations demandent beaucoup plus d’énergie de source conventionnelle à mesure que leur pays se développe. En second lieu, Epstein trouve incongru, ou pire, de constater que les personnes qui insistent pour faire avancer des technologies plus écologiques et à faibles émissions de carbone 1) excluent les énergies nucléaire et hydroélectrique (probablement parce qu’il ne s’agit pas de ressources « à faible impact ») et 2) ne tiennent pas compte de l’« opposition mondiale » aux énergies solaire et éolienne en raison de leurs répercussions sur le cycle de vie complet de la nature[58]. Par ailleurs, Epstein soutient en long et en large que l’énergie éolienne et l’énergie solaire sont loin d’être aussi concurrentielles qu’elles se targuent d’être.

L’essence de l’argument d’Epstein est probablement un territoire familier pour les étudiants de longue date en physique et en économie de l’énergie, mais probablement moins pour le lecteur qui s’informe sur l’énergie et l’environnement dans les journaux, les émissions-débats politiques et les polémiques sur Internet. Ses principaux arguments peuvent se résumer ainsi :

  • Pénétration actuelle ténue. Malgré « leur présence sur le marché depuis de nombreuses décennies », les énergies éolienne et solaire ne produisent qu’environ 3 % de l’énergie mondiale. Cette contribution est presque entièrement liée à l’électricité, et il n’y a « actuellement aucune concurrence avec bon nombre de débouchés liés à la mobilité ou industriels tributaires des combustibles fossiles ». Pour faire des progrès dans ces applications et remplacer complètement les combustibles fossiles, la production à un « coût beaucoup moins élevé » et l’invention de machines de transport rentables et à faibles émissions de carbone seraient nécessaires[59].
  • Croissance rapide des énergies éolienne et solaire en contexte. Alors que les producteurs d’énergie éolienne et solaire se vantent d’une expansion rapide de leur déploiement, ces taux de croissance annuels à deux chiffres partent de bas. Epstein fait remarquer que « l’histoire nous montre que, dans le monde des affaires, il est très fréquent qu’une entreprise connaisse un taux de croissance rapide temporairement tandis qu’elle est encore de petite taille, puis que cette croissance ralentisse à mesure qu’elle prend de l’expansion » [traduction][60].
  • Illusion d’une chute des prix à des niveaux inférieurs à la production thermique. En ce qui concerne les « manchettes constantes sur les énergies solaire et éolienne dont les prix chutent à des niveaux plus bas que ceux des énergies nucléaire, […] au charbon ou au gaz […] », Epstein soulève plusieurs contre-arguments. Premièrement, l’énergie éolienne et l’énergie solaire bénéficient de « préférences gouvernementales massives » sous forme de subventions, ainsi que de l’obligation de les incorporer enchâssée dans les normes encadrant le portefeuille des énergies renouvelables. Pourtant, selon lui, les pionniers de la pénétration des énergies éolienne et solaire — l’Allemagne et le Danemark en Europe, la Californie aux États-Unis — présentent les prix de détail de l’électricité les plus élevés. « Pourquoi, demande-t-il, l’énergie solaire et l’énergie éolienne semblent-elles toujours rendre l’électricité plus coûteuse si ces sources sont si bon marché ? » La réponse, poursuit-il, réside dans la « dilution » et l’intermittence des énergies éolienne et solaire, ce qui entraîne des investissements plus importants dans les réseaux de transport et le maintien de la production d’énergie de secours à partir de combustibles fossiles. Le livre propose trois « approches » pour contourner les lacunes inhérentes aux énergies éolienne et solaire : « 1) en s’appuyant sur une source d’énergie contrôlable quelconque (p. ex. les combustibles fossiles); 2) en s’appuyant sur un réseau diversifié, éloigné et énorme de production d’énergie éolienne et solaire ou 3) en mettant au point un système de stockage artificiel » en mesure de maintenir en réserve suffisamment d’énergie renouvelable pour répondre à la demande. Epstein conclut que seule la première approche « a été mise en œuvre à tout prix » [traduction][61].
  • Les solutions fondées sur les conditions météorologiques et la lumière du soleil peuvent difficilement répondre à la demande finale. Epstein laisse entendre de façon empirique que les récentes pannes régionales aux États-Unis, par exemple au Texas et en Californie, peuvent être attribuables à de faibles rendements de l’énergie éolienne ou solaire. Il soutient que le vent souffle peu par temps très froid ou très chaud, et fait remarquer qu’il n’y a pas beaucoup de soleil en Allemagne pendant les mois froids d’hiver. Pour ce qui est de ce dernier point, il soutient que « la production d’énergie de sources solaire et éolienne intermittentes peut chuter à près de zéro pendant des périodes prolongées », de sorte qu’elles « ne remplacent pas les infrastructures existantes de production d’énergie de sources contrôlables » [traduction][62].

Les conclusions d’Epstein sont sévères. « Est-il étonnant », se demande-t-il, « que plus un pays utilise les énergies solaire et éolienne, plus les coûts de l’énergie sont élevés? » [traduction][63]. Non seulement de telles entreprises entraînent un « dédoublement massif des infrastructures », affirme-t-il, mais elles exigent également une variation cyclique à la hausse ou à la baisse de la production thermique pour refléter les hauts et les bas des flux de production intermittente — « un facteur qui réduit l’efficacité énergétique de la même façon que les arrêts et démarrages de la circulation automobile éliminent le rendement énergétique de votre voiture » [traduction][64]. Quelques pages plus loin, il pose en coupables les énergies éolienne et solaire qu’il assimile à des « parasites qui augmentent les coûts et diminuent la fiabilité », en plus d’être loin de pouvoir « alimenter un réseau électrique à elles seules » [traduction][65]. Pour faire bonne mesure, il qualifie de « fraude » la pratique des grandes sociétés comme Apple, Google et la Bank of America d’affirmer qu’elles utilisent uniquement de l’énergie renouvelable et amènent ainsi les consommateurs à croire qu’un approvisionnement en énergie libre de la dépendance aux combustibles fossiles est même possible[66].

Un argument connexe est le portrait d’Epstein du stockage dans des batteries; il ne s’agit pas d’une réponse pratique à l’intermittence de production inhérente aux sources éolienne et solaire, soutient-il, mais plutôt d’un mythe fallacieux. En théorie, explique-t-il, les concepteurs de systèmes pourraient constituer une énorme capacité de production d’énergie éolienne et solaire — suffisamment pour répondre non seulement à la demande actuelle, mais aussi pour remplir les batteries de stockage. Cependant, une telle entreprise « tout à fait prohibitive sur le plan des coûts », compte tenu du savoir-faire actuel, et « c’est pourquoi personne n’a même ne serait-ce que jongler avec l’idée de l’essayer » [traduction][67]. Après avoir présenté quelques chiffres à l’appui de cet argument, l’auteur conclut :

Par conséquent, le remplacement des combustibles fossiles par des sources d’énergie solaire et éolienne n’est pas une percée fantastique; ce n’est qu’une fantaisie absolument malhonnête — qui est instrumentalisée pour promouvoir des politiques anti-impact et anti-énergie [traduction][68].

Dans la dernière page de cette section, Epstein cite des exemples d’expériences douteuses d’une dépendance complète à l’énergie solaire dans certains pays du tiers monde. Il soutient par ailleurs que d’autres modes d’énergie renouvelable — au-delà des énergies éolienne et solaire — 1) ne pourraient pas, de façon réaliste, promettre le déplacement de quantités importantes de combustibles fossiles (biomasse et géothermie)[69] ou 2) ont été éliminées ou rejetées comme solution possible erronément par les défenseurs de l’énergie verte (hydroélectricité, nucléaire) en raison de l’impact inacceptable sur la nature de l’activité humaine leur étant associée[70].

L’auteur dirige une véhémence particulière à l’endroit du biais antinucléaire du mouvement vert, car il s’agit d’une technologie qui exploite des matières premières abondantes, tire parti d’une source d’énergie très dense et n’émet pas de gaz à effet de serre[71]. De plus, Epstein insiste sur le fait que les préoccupations en matière de sûreté sont largement exagérées — qualifiant le nucléaire de « forme d’énergie la plus sûre » [traduction][72]. Selon lui, le véritable problème, c’est que les défenseurs de l’énergie propre, à quelques exceptions près, considèrent le nucléaire comme « moralement inacceptable » parce qu’il altère profondément la nature. Poussant plus loin l’aspect pratique du nucléaire, l’auteur soutient que ses coûts d’exploitation ont augmenté inutilement parce que la perspective du nucléaire été noyée dans des règlements gouvernementaux (en raison de l’« opposition pseudoscientifique » de ce dernier)[73]. Pour résumer cette impasse idéologique, Epstein ne mâche pas ses mots :

Le discours anti-impact du mouvement vert représente ainsi une menace pour notre avenir, répandant des mensonges condamnables sur l’énergie pour atteindre des objectifs mortels et anti-énergie [traduction][74].

Quant à la possibilité que la technologie de captage du carbone transforme la combustion de combustibles fossiles en « énergie propre », il est quelque peu surprenant qu’Epstein ne voie guère d’espoir dans sa promesse économique. Les grandes sociétés pétrolières et gazières et les centrales au charbon — sans oublier les divers gouvernements — ont investi dans la R-D et dans des projets d’essai pour rendre commercialement viable le captage et le stockage du carbone (CSC). Mais l’auteur ne voit que la portée limitée du CSC, puisqu’il peut devenir économique en vendant des flux de CO2 aux producteurs de pétrole comme agent d’extraction amélioré pour les champs pétrolifères. Bien que cette solution puisse être rentable, il soutient qu’elle ne peut se prêter qu’à une petite portion des émissions (parce que le marché est limité)[75]. Le coût des machines qui aspirent le CO2 directement de l’atmosphère (c.-à-d. la « capture d’air ») est beaucoup trop élevé, ajoute-t-il, pour justifier sa position[76].

VIII. CHANGEMENTS CLIMATIQUES : MENACE OU RÉALITÉ GÉRABLE?

Dans les trois derniers chapitres de Fossil Future, l’auteur aborde trois questions incontestablement importantes qui suscitent le débat sur les changements climatiques. Elles se résument toutes essentiellement, d’une manière ou d’une autre, à l’ampleur du problème des changements climatiques. S’agit-il d’une menace existentielle — un scénario apocalyptique pour une planète Terre habitable à moins de réagir de façon décisive et immédiate? Ou est-ce que la menace est exagérée et, dans la mesure où des températures plus chaudes nous attendent véritablement, où l’habitabilité peut être gérée grâce à la technologie et, pour les régions naturellement plus froides, est-ce une bénédiction déguisée?

Epstein opte définitivement pour ce dernier camp. Dans le chapitre 7 « The Enormous Power of Fossil-Fueled Mastery »[77], il suggère que nous ne devrions pas qualifier les réponses de la civilisation d’« adaptation » (un terme qui lui paraît « trivial » ou boiteux), mais plutôt de « maîtrise du climat », duquel transcende une certaine prise en charge[78]. Il explique que le climat et le temps ont toujours représenté un danger à certains égards, mais que l’ingéniosité humaine a permis à l’humanité, au fil du temps, de trouver de meilleures façons de faire face aux températures extrêmes, aux tempêtes et aux sécheresses. Le résultat a été une forte réduction de l’occurrence de décès attribuables à des phénomènes climatiques au cours des cent dernières années (une période, souligne-t-il, où les concentrations atmosphériques de dioxyde de carbone sont passées de niveaux prétendument « acceptables » à « inacceptables »)[79]. Le passage est étayé par des récits éprouvants de vagues chaudes et froides du début du XXe siècle qui ont entraîné une grande mortalité et une destruction de l’environnement — des catastrophes qui ne se produiraient pas dans ce que l’auteur aime appeler notre monde moderne alimenté aux combustibles fossiles[80].

La sécheresse, les feux de forêt et les inondations ont également été « maîtrisés », ou du moins atténués, au cours de la même période, poursuit le chapitre 7. Et bien que les dommages matériels soient en hausse si on les mesure en termes monétaires (alors que le développement immobilier — en particulier dans les zones les plus exposées aux tempêtes, aux inondations et aux incendies — a rapidement pris de l’expansion), les dommages sont demeurés faibles en proportion du revenu ou du PIB, et n’ont donc pas constitué « un problème catastrophique, et encore moins apocalyptique » [traduction][81]. Ce qui irrite particulièrement Epstein, c’est que le « système de connaissances » et ses diffuseurs refusent de reconnaître les « capacités de maîtrise du climat acquises grâce aux effets secondaires sur le climat de l’utilisation des combustibles fossiles » [traduction][82]. Ce « déni systématique de la maîtrise » inquiète l’auteur. Le public n’obtient qu’un aperçu partiel (et donc trompeur) de ce que suppose le maintien de la dépendance aux combustibles fossiles[83].

En franchissant ce seuil, Epstein plonge au cœur de la question, c’est-à-dire sa critique du discours prédominant sur l’ampleur et l’impact des changements climatiques. Son premier coup, le chapitre 8 « The Problem of Systemic Climate Distortion »[84], est une variante du thème familier du livre, qui renvoie au récit selon lequel presque tous les scientifiques s’entendent pour dire que les émissions de gaz à effet de serre non contrôlées représentent une grave menace pour l’environnement et l’humanité. Étant donné qu’Epstein n’est pas lui-même un scientifique, mais plutôt un ardent lecteur de la littérature pertinente, il parle indirectement de la tâche de renverser la prémisse selon laquelle « la science est au rendez-vous », en citant des commentaires de scientifiques qui ont contesté le consensus.

Son premier point réitère, avec une insistance renouvelée, le fait que les partisans de mesures vigoureuses visant à réduire l’utilisation des combustibles fossiles accentuent les aspects négatifs de l’augmentation des émissions de CO2, mais négligent les « répercussions neutres et positives » [traduction][85]. Le principal aspect « positif », à son avis, est que les émissions sont à la fois un « gaz de réchauffement » et un « gaz fertilisant » (qui stimule largement la croissance végétale mondiale)[86]. Dans les climats plus froids, le réchauffement progressif, suggère Epstein, améliorera le confort et prolongera à la saison de croissance. Le chapitre souligne également l’incertitude quant à la façon dont divers facteurs influent sur les tendances météorologiques et climatiques à long terme, individuellement et dans leurs interactions[87]. L’auteur s’en prend à l’entêtement des institutions gouvernementales à ignorer largement les avantages liés à l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre, lequel se voit du financement de la recherche jusque dans le rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) au sujet des effets du changement climatique :

La distorsion négative du financement de la recherche dans le système de connaissances traditionnel entraîne le déni des avantages, ainsi que l’exagération des aspects négatifs […] Lorsque la recherche est faussée de manière à ne pas prendre en compte les avantages liés aux combustibles fossiles, il en va de même du reste du système de connaissances — y compris de la synthèse où le GIEC minimise le potentiel extrêmement important de l’écologisation mondiale pour l’épanouissement et la distribution de l’être humain. En effet, le dernier Résumé à l’intention des décideurs du GIEC ne mentionne même pas les avantages de l’écologisation [traduction][88].

En plus de citer les protestations d’éminents climatologues qui se sont opposés au consensus dominant, Epstein conteste l’affirmation fréquemment entendue[89] selon laquelle « 97 % des scientifiques » s’entendent pour dire que le réchauffement de la planète est d’origine anthropique (étant donné que ces enquêtes regroupent à la fois des répondants qui estiment qu’il s’agit là d’un énorme problème et des répondants qui reconnaissent que les émissions de combustibles fossiles augmentent le réchauffement, mais qui ne croient pas nécessairement qu’il s’agit du principal facteur explicatif ou d’un problème de dimensions ingérables)[90]. Enfin, Epstein pourfend le GIEC pour sa pratique consistant à produire, pour accompagner chaque rapport, un « [r]ésumé à l’intention des décideurs » qui, de l’avis de l’auteur, est davantage un document politique (qui souligne la gravité des changements climatiques imminents) qu’une distillation exacte des évaluations des comités plus nuancées dans le rapport principal[91]. Son verdict :

Lorsque notre système de connaissance du climat résume des synthèses déjà biaisées de recherches déjà biaisées pour devenir lui-même encore plus biaisé, il devrait perdre toute crédibilité [traduction][92].

Cependant, Epstein garde un peu plus d’optimisme que ce qui est exprimé dans le passage reproduit ci-dessus dans sa quête d’une analyse significative. Il soutient qu’en lisant les évaluations scientifiques sous-jacentes dans les rapports et les « manuels » du GIEC, il est en mesure de comprendre ce que « les grandes institutions pensent — certainement mieux que les grandes institutions médiatiques ou les résumés du GIEC à l’intention des décideurs » [traduction][93].

IX. AUGMENTATION DES NIVEAUX DE CO2 : RÉPERCUSSIONS D’UN POINT DE VUE « PRO-HUMAIN »

La série culminante de chapitres du livre commence par une analyse approfondie des impacts projetés des émissions de carbone de la combustion continue des combustibles fossiles, en adoptant un cadre « prohumain tenant compte du portrait complet de la situation » [traduction][94]. Dans une trentaine de pages, le lecteur se voit proposer les résultats de l’examen de l’auteur, qui affirme d’emblée appliquer des « normes d’évaluation rigoureuses » pour « évincer les distorsions anti-impact » [traduction][95]. Les résultats obtenus, dit-il, sont fondés sur « les sources d’experts les moins biaisées du courant de pensée dominant et du courant de pensée non dominant » [traduction][96]. Ce serait un défi de taille que de dérouter l’auteur en faisant valoir toute répercussion négative théorique; il déclare que son enquête « sera surtout axée sur la question de savoir si d’éventuelles répercussions de l’augmentation des niveaux de CO2 pourraient, d’une façon ou d’une autre, dépasser nos énormes capacités de maîtrise du climat au point de justifier toute restriction à la poursuite de l’utilisation des combustibles fossiles compte tenu de la valeur qu’elle offre et dont nous avons désespérément besoin » [traduction][97].

Pour commencer, Epstein rejette du revers de la main la notion voulant que les émissions puissent rendre la Terre « inhabitable », malgré l’alarmisme que suscitent les « titres de livres apocalyptiques » [traduction][98]. Son examen de la recherche scientifique sur les corrélations entre les émissions de gaz à effet de serre et les hausses des températures adopte une optique qui s’éloigne de la notion populaire selon laquelle la planète se réchauffe à des niveaux sans précédent, principalement en s’attardant à l’histoire géologique de la Terre (plutôt que de se limiter aux quelque 150 années de mesure depuis l’arrivée des thermomètres)[99]. Le principal élément qu’il fait ressortir est que dans un passé lointain, les températures et les niveaux de CO2 étaient beaucoup plus élevés qu’ils ne le sont aujourd’hui (ou qu’ils le seront probablement), et pourtant « la vie sur terre a prospéré » [traduction][100]. Autres points saillants :

  • L’effet de réchauffement est plus prononcé dans les régions les plus froides que dans les zones tempérées[101];
  • À mesure que les émissions de dioxyde de carbone augmentent, leur effet de réchauffement ou « effet de serre » n’est pas linéaire, mais diminue; par conséquent, le taux de réchauffement ralentira[102];
  • L’histoire géologique à long terme de la planète ne montre « aucune corrélation directe entre la température et le CO». En fait, des épisodes d’augmentation des émissions ont suivi, plutôt que précédé, des augmentations de température (ce qui remet en question l’allégation voulant que l’augmentation des émissions de dioxyde de carbone soit le principal facteur de réchauffement climatique)[103];
  • Les élévations du niveau de la mer ont été très lentes et modestes; les reportages sur des hausses plus spectaculaires ont été triés sur le volet pour mettre en évidence certains endroits où le phénomène se produit pour d’autres raisons[104];
  • Epstein étaye ses propos à l’aide de divers graphiques. Et, dans un élan de rhétorique incisif, il qualifie de « criminelle » la large omission de ces faits[105], en ajoutant que nous aurions « amplement le temps » de « décriminaliser » l’énergie nucléaire, si les symptômes du réchauffement planétaire étaient plus importants qu’il ne le prévoit[106]. Sa conclusion principale est que — malgré les modèles informatiques qui prédisent des accélérations spectaculaires du réchauffement (et des effets secondaires connexes comme des tempêtes plus violentes, des sécheresses, etc.) — ces prévisions sont non fondées et en grande partie motivées par la structure incitative à produire des « prévisions de réchauffement extrême », lesquelles sont la clé pour accéder aux « sommes considérables investies de nos jours dans le financement de la lutte contre les changements climatiques » [traduction][107].

L’auteur termine le chapitre avec un optimisme prudent que ses idées sur les avantages sous-estimés et les préjudices exagérés des combustibles fossiles pourraient libérer l’humanité « de la croyance selon laquelle les émissions de CO2 causent une catastrophe climatique » [traduction][108], de sorte que, entre autres, « il n’est pas nécessaire de conclure des traités internationaux meurtriers engageant les pays à réduire leurs émissions de CO2; pour imposer des restrictions nationales, étatiques et locales […] qui empêchent les pays pauvres de réaliser tout leur potentiel; [ou] pour prévenir des pannes de courant massives comme en Californie et au Texas […] » [traduction][109].

X. DERNIERS MOTS

Même si Fossil Future aurait pu fermer sur cette note d’espoir, il y en a plus. Une « coda politique » élargie énonce une myriade de prescriptions sur le thème commun de l’affranchissement des combustibles fossiles et de l’énergie nucléaire qui ont été épinglés au mur de la honte[110]. Epstein : 1) invite les lecteurs, s’ils sont inspirés par son message qui va à contre-courant, à se joindre à la lutte contre les idées fausses et les faussetés qu’il a décrites; 2) donne des instructions aux gouvernements sur la façon d’assouplir leurs politiques réglementaires afin de permettre un développement plus efficace et plus rapide des projets énergétiques et industriels. L’auteur envisage également, comme une ressource « de rechange » attrayante, les « microréacteurs » nucléaires qui peuvent être transportés par camion vers des lieux éloignés ou envoyés par bateau jusqu’à un port où ils desserviront les localités côtières[111].

Dans un autre chapitre épilogue, « Reframing the Conversation and Arguing to 100 »[112], Epstein vide ses fûts dénonçant un assortiment de mirages de némésis châtiant le progrès mondial alimenté par les fossiles. La plupart de ces passages font écho à des refrains familiers, en fulminant contre des gouvernements bornés qui fixent des jalons précis en matière de « carboneutralité »[113], contre les grands médias qui diffusent des « récits déformés » au sujet des conséquences prétendument catastrophiques des combustibles fossiles, ou contre le remplacement rapide de ceux-ci par des énergies renouvelables[114], contre les systèmes d’éducation consacrés à l’« endoctrinement »[115] sur les changements climatiques et l’adhésion du monde des affaires au mantra des changements climatiques, conjuguée aux mouvements « ESG » à la mode[116]. Comme son titre l’indique, Epstein offre des conseils sur la façon de recadrer le débat, craignant que les légions contre les combustibles fossiles aient eu le dessus jusqu’à maintenant.

XI. CONCLUSION

Alors, que tirer du magnum opus d’Epstein? Un tract polémique? Ou un tour de force audacieux? L’auteur est-il un taon prolifique qui jongle avec des questions techniques complexes, ou un vulgarisateur assidu et utile de questions scientifiques et philosophiques complexes, mais cruciales, prêt à prendre des positions impopulaires et à encaisser l’inévitable déferlante? J’ai alterné entre ces deux pôles. D’une part, Fossil Future est un recueil remarquable des nombreux arguments lancés par les militants du changement climatique contre la dépendance de la société aux combustibles fossiles — juxtaposés à des réfutations généralement cohérentes de chaque part. D’un autre côté, il est dogmatiquement unilatéral[117] et parfois désinvolte (p. ex. dans son assurance imperturbable que l’énergie nucléaire est la plus sûre de toutes les énergies et abhorrée par les activistes environnementaux parce qu’elle n’apaise pas leur souci du faible impact sur la nature)[118]. Et dire que les arguments de l’auteur sont « cohérents » ne signifie pas nécessairement qu’ils convaincront la plupart des lecteurs. Bon nombre d’entre eux, cependant, semblent dignes de réflexion, et les allégations plus controversées de Fossil Fuel peuvent être un point de départ pour une exploration plus approfondie.

Le livre est peut-être mieux compris comme un document de plaidoyer, s’efforçant de présenter les arguments en faveur de la vitalité continue des combustibles fossiles sous un jour des plus flatteurs, tout en cherchant les faiblesses des récits insistant sur le fait que leurs émissions détruisent l’environnement habitable, et que les énergies renouvelables offrent déjà une solution de rechange. Peu de ceux qui appuient déjà l’élimination des émissions de CO2 aussi unilatéralement et rapidement que possible trouveront convaincante (ou même lisible) une grande partie de Fossil Future; mais l’ouvrage peut servir de ressource approfondie pour ceux qui sont sceptiques à l’égard du mouvement vert et il offre, pour les indécis, du matériel provocateur pour les débats que les médias grand public ont préféré éviter, souligne Epstein.

Pour une grande partie du livre, Epstein ressemble à un personnage donquichottesque à la charge des éoliennes — et des panneaux solaires. Les quelques climatologues assez courageux (ou stupides) pour défier l’orthodoxie ont été largement humiliés ou réduits au silence. Mais à la fin du livre, l’auteur reconnaît qu’il a acquis un vaste auditoire avec son livre précédent[119], des vidéos, des consultations avec des bureaux politiques et même des conférences dans des « institutions d’élite » comme les grandes universités[120]. Son parcours devient peut-être un peu moins solitaire. Récemment, l’Europe a commencé à vaciller dans sa détermination à débarrasser ses systèmes énergétiques des combustibles fossiles et ses routes des véhicules à essence[121]. De plus, le premier ministre britannique a annoncé le 31 juillet que la mer du Nord serait ouverte à d’autres forages pétroliers et gaziers[122]. Aux États-Unis, les candidats à l’investiture républicaine de 2024 ont tous attaqué la politique de transition énergétique des démocrates, et le nouveau venu, Vivek Ramaswami, en particulier, a fait écho aux souches de Fossil Future (au point de qualifier le « programme » du changement climatique de « canular »).

Enfin, il importe de commenter le style d’écriture de l’auteur. Bien qu’il soit louable par son exactitude grammaticale et sa clarté générale, le lecteur peut être frappé par l’habitude d’Epstein de répéter à plusieurs reprises des points qu’il a déjà fait valoir de façon adéquate — comme un professeur d’université qui prépare ses cours en tenant pour acquis que les étudiants se souviennent peu des cours précédents. Ceci, en plus de la prédilection de l’auteur pour des phrases d’un paragraphe, peut faire paraître ses déclarations individuellement plus profondes, mais inévitablement ajouter à l’épaisseur dissuasive de Fossile Future. À juste titre, Epstein a beaucoup à dire, mais une approche plus rigoureuse de la rédaction pourrait aider à joindre un public plus vaste de consommateurs curieux, mais pressés par le temps.

 

* Kenneth A. Barry est l’ancien avocat-conseil en énergie de Reynolds Metals Co. à Richmond, en Virginie. Il a été avocat-conseil à la section de la réglementation de l’énergie du bureau de Hunton Andrews Kurth à Washington, D.C. Il a également été un contributeur régulier à plusieurs publications sur le secteur de l’énergie, et est membre à la retraite des barreaux de la Virginie, de New York et de Washington. L’Energy Bar Association a publié une version antérieure du présent article le 14 novembre 2023 : <www.eba-net.org/wp-content/uploads/2023/11/6-Barry-Fossil-Future301-317.pdf>.

  1. Alexander J. Epstein, Fossil Future : Why Global Human Flourishing Requires More Oil, Coal, and Natural Gas – Not Less, New York, Portfolio-Penguin, 2022 [Fossil Future].
  2. Un grand nombre des principaux arguments d’Epstein en faveur des combustibles fossiles ou contre les énergies renouvelables ont été avancés dans son premier livre; Alexander J. Epstein, The Moral Case for Fossil Fuels, New York, Portfolio-Penguin, 2014; voir aussi une critique du livre par le professeur de droit à Harvard, Jody Freeman, « A Critical Look at “The Moral Case for Fossil Fuels » (2015) 36:2 Energy LJ 327, en ligne (pdf) : <eba-net.org/wp-content/uploads/2023/02/12-24-327-353-Freeman_FINAL-11.10.pdf>; pour une réfutation de la critique de Freeman par Epstein lui-même, voir aussi Alex Epstein, « A Straw Man Attack on the Moral Case for Fossil Fuels » (2017) 38:1 Energy LJ 79, en ligne (pdf) : <eba-net.org/wp-content/uploads/2023/02/17-79-94-Epstein-FINAL.pdf>.
  3. Annie Gowen, Niko Kommenda et Saiyna Bashir, « Climate-Linked Ills Threaten Humanity », The Washington Post (5 septembre 2023) en ligne : <washingtonpost.com/climate-environment/interactive/2023/pakistan-extreme-heat-health-impacts-death>.
  4. Editorial Board, « School officials are still arguing about teaching climate change », The Washington Post (6 septembre 2023) en ligne : <washingtonpost.com/opinions/2023/09/06/texas-climate-change-textbooks>.
  5. Ibid. L’éditorial reproche également à certains membres du conseil scolaire du Texas d’avoir laissé entendre que les manuels scolaires devraient traiter des « avantages » liés à la combustion de combustibles fossiles ou indiquer que « les changements climatiques naturels peuvent entraîner une hausse des températures » dans une mesure qui pourrait « faire contrepoids aux conclusions de la recherche voulant que l’utilisation des combustibles fossiles provoque un réchauffement rapide de la planète » [traduction].
  6. Supra note 1.
  7. Epstein joint sa voix à celles du chœur des critiques conservatrices pour dénoncer les rapports du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) de l’ONU qui constitueraient une « chaîne de distorsions » omettant « des faits cruciaux » (comme les «décès liés au climat qui sont en chute libre »), ibid à la p 15. Les « distorsions liées à l’évaluation », insiste-t-il, « sont les pires et les plus dommageables […] notamment en ce qui concerne les combustibles fossiles », ibid.
  8. Ibid à la p 26.
  9. Ibid aux pp 29–30.
  10. Ibid à la p 30.
  11. Ibid à la p 34.
  12. Ibid à la p 37.
  13. Ibid à la p 42.
  14. Ibid à la p 54 (où Epstein énumère une série de prédictions sinistres d’experts bien connus qui ne se sont pas réalisées, du moins sur l’horizon prévu au départ. Il utilise ces constats pour miner la crédibilité des experts du changement climatique qui mettent en garde contre des scénarios apocalyptiques. Il me semble juste d’ajouter que les manchettes et les reportages sur certains événements météorologiques extrêmes en 2023 renforcent la notion selon laquelle les changements climatiques sont à nos portes et que les conséquences sont désastreuses. Epstein répondrait probablement que le reportage est hyperbolique et qu’il manque de contexte).
  15. Ibid aux pp 74–105.
  16. Ibid à la p 75.
  17. Dans cette critique, le terme « environnementalistes » est utilisé de façon interchangeable avec les détracteurs des combustibles fossiles, bien que ces derniers puissent être considérés comme une branche ou un dérivé important du mouvement écologique.
  18. L’ouvrage décrit de façon plus détaillée la notion d’« équilibre fragile » en utilisant les termes les plus maladroits qu’on puisse trouver; voir Fossil Future, supra note 1 aux pp 92–95. Epstein parle d’une « hypothèse nourrice fragile », qu’utilisent les défenseurs du principe anti-impact, qui, à son avis, déforme les compromis entre le développement et la préservation de l’environnement, en suggérant une harmonie idéalisée de la nature et de ses créatures dans leur état intact — ce qui, à son tour, est corrompu par l’humain, lequel est perçu à travers le prisme d’une hypothèse « parasite-pollueur ».
  19. Fossil Future, supra note 1 à la p 81.
  20. Ibid.
  21. Ibid.
  22. Ibid aux pp 83–84.
  23. Ibid à la p 87.
  24. Ibid à la p 94.
  25. Ibid à la p 100.
  26. Ibid aux pp 103–04.
  27. Ibid à la p 104.
  28. Ibid.
  29. Ibid.
  30. Ibid à la p 109. En effet, la partie II s’intitule « Sec. 4 – Our Unnaturally Livable Fossil-Fueled World ».
  31. Ibid à la p 9. L’en-tête d’un passage commence par « Les avantages uniques, considérables et désespérément nécessaires qu’offrent les combustibles fossiles ».
  32. Ibid à la p 114.
  33. Ibid à la p 115.
  34. Ibid à la p 118.
  35. Ibid aux pp 118–19.
  36. Ibid.
  37. Ibid à la p 120.
  38. Ibid. Répondant au fait que l’augmentation de l’espérance de vie et autres éléments est « invariablement attribuée à des facteurs cruciaux […] comme les découvertes scientifiques, l’innovation technologique, l’amélioration des soins médicaux et l’amélioration de l’assainissement », Epstein insiste sur le fait « que ces facteurs sont essentiellement tributaires (et continueront de l’être) de la production d’énergie ultra-rentable à partir de combustibles fossiles ou d’équivalents » [traduction].
  39. Cela ne semblera pas prêter à controverse pour la plupart des lecteurs, mais on peut présumer qu’Epstein insiste sur ce point parce que les combustibles fossiles sont devenus un point d’éclair (et un sujet de dénigrement) dans le discours politique actuel.
  40. Fossil Future, supra note 1 à la p 166.
  41. Ibid à la p 168.
  42. Ibid à la p 170.
  43. Ibid à la p 172. À ce stade, Epstein exprime son mépris pour le « refrain suffisant, mais inepte » voulant que les prix courants des combustibles fossiles ne reflètent pas les externalités négatives.
  44. Ibid à la p 174, ch 5, « The Unique and Expanding Cost-Effectiveness of Fossil Fuels ».
  45. Voir ibid, ch 6, « Alternatives : Distortions versus Reality ». L’ouvrage s’oppose encore une fois aux défenseurs des énergies renouvelables qui soutiennent que des solutions de remplacement abordables, pratiques et plus écologiques existent déjà et peuvent être déployées à grande échelle.
  46. Ibid aux pp 182–85.
  47. Ibid à la p 185.
  48. Ibid aux pp 186–87.
  49. Ibid à la p 192.
  50. Ibid. Le seul autre combustible ayant des attributs comparables, dit Epstein, est l’énergie nucléaire, mais « elle est étranglée par les gouvernements au point de devenir presque criminalisée », ibid à la p 188.
  51. Ibid à la p 199. Cette affirmation s’accompagne d’une mise en garde : Epstein reconnaît que l’existence de « dépôts presque illimités » ne signifie pas nécessairement qu’ils peuvent être exploités de façon rentable, mais il est néanmoins convaincu que « des innovations et des progrès sans précédent » dans les technologies énergétiques permettront leur exploitation, ibid à la p 200.
  52. Ibid à la p 200.
  53. Ibid.
  54. Voir Energy Information Administration, « Despite the U.S. becoming a net petroleum exporter, most regions are still net importers » (6 février 2020), en ligne (blog) : <eia.gov/todayinenergy/detail.php?id=42735>. Dans ce rapport, l’EIA indique qu’en novembre 2019, le pays a importé 5,8 millions de barils de pétrole brut par jour, tout en exportant 3 millions de barils par jour — un déficit net.
  55. Fossil Future, supra note 1 à la p 204.
  56. Ibid à la p 205.
  57. Ibid à la p 206.
  58. Ibid aux pp 206–07.
  59. Ibid à la p 209. En ce qui concerne les utilisations « liées à la mobilité » qui ne sont pas actuellement concurrentielles sur le marché de l’électricité, Epstein exclut apparemment la plupart des VE (véhicules de passagers et camions légers).
  60. Ibid à la p 210.
  61. Ibid aux pp 210–15.
  62. Ibid aux pp 214–15.
  63. Ibid à la p 216.
  64. Ibid.
  65. Ibid à la p 219.
  66. Ibid aux pp 219–20. Epstein affirme que tout ce qu’Apple et les autres font, e font Apple, c’est de payer un peu plus pour les services publics pour créditer la part de leur production provenant de sources renouvelables à des clients qui sont prêts à payer un montant supplémentaire. Il ajoute que les entreprises qui affirment utiliser une énergie 100 % renouvelable ne tiennent pas compte, pour reprendre l’exemple d’Apple, des gros véhicules de transport utilisés pour expédier des pièces et des produits, ainsi que la majeure partie de leur fabrication qui se fait en Chine, où « 64 % de l’électricité provient du charbon », ibid à la p 220.
  67. Ibid à la p 221.
  68. Ibid à la p 223.
  69. Le livre souligne l’existence d’un concept de « géothermie avancée » qui permettrait de forer des puits très profonds pour accéder à de l’eau à haute température et à haute pression, qui pourrait, en théorie, servir à produire de l’énergie. Cependant, l’auteur souligne, il n’a pas encore été commercialisé. Pourtant s’il pouvait l’être, il deviendrait probablement la cible des défenseurs de l’environnement parce qu’il est fondé sur un procédé de fracturation et soulèverait à cette enseigne des sentiments anti-impact, ibid. aux pp 230–31.
  70. Ibid aux pp 226–44.
  71. Ibid à la p 234.
  72. Ibid à la p 235.
  73. Ibid à la p 236.
  74. Ibid à la p 237.
  75. Ibid à la p 239.
  76. Ibid à la p 240.
  77. Ibid aux pp 247–89, ch 7.
  78. Ibid aux pp 259, 285.
  79. Ibid aux pp 260–65.
  80. Ibid.
  81. Ibid à la p 270.
  82. Ibid à la p 284.
  83. Ibid aux pp 288–89.
  84. Ibid aux pp 290–318, ch 8.
  85. Ibid à la p 291.
  86. Ibid à la p 297.
  87. Ibid aux pp 292–93. Epstein souligne également l’historique inégal des données de température sur des périodes prolongées : les données satellitaires sur les températures atmosphériques n’étant disponibles que depuis 1979, et les lectures de thermomètres dans le monde « même pour les cent dernières années » ont été « limitées », ibid à la p 293.
  88. Ibid à la p 300.
  89. Les principaux dissidents cités sont Richard Lindzen, Judith Curry et Patrick Michaels. Avant de prendre sa retraite, Judith Curry, une climatologue de Georgia Tech, a exprimé certaines frustrations (citées dans l’ouvrage d’Epstein) de devoir trouver « comment s’y retrouver dans la folie qui caractérise le domaine de la science du climat. La recherche et les autres activités professionnelles ne sont récompensées par des pairs que si elles sont canalisées dans certaines directions approuvées par un établissement d’enseignement politisé », ce qui influe sur l’obtention de financement, la publication de documents, l’obtention d’emplois prestigieux et de nominations à des comités, etc. Ibid à la p 304.
  90. Ibid aux pp 304–06.
  91. Ibid aux pp 307–08.
  92. Ibid.
  93. Ibid à la p 312.
  94. Ibid à la p 319, ch 9.
  95. Ibid à la p 320.
  96. Ibid.
  97. Ibid.
  98. Ibid à la p 321.
  99. La plupart des livres souscrivent au consensus selon lequel les émissions de gaz à effet de serre détériorent le climat. Quoi qu’il en soit, le livre d’Epstein aurait pu mieux expliquer les moyens utilisés par les géologues pour évaluer les températures et la présence de CO2 dans les époques lointaines.
  100. Fossil Future, supra note 1 à la p 323.
  101. Ibid à la p 324.
  102. Ibid aux pp 325–29.
  103. Ibid à la p 335.
  104. Ibid aux pp 340–44.
  105. Ibid à la p 324.
  106. Ibid aux pp 331–32.
  107. Ibid à la p 336.
  108. Ibid à la p 354.
  109. Ibid.
  110. Ibid à la p 357. Voir aussi ibid au ch 10, « Maximiser l’épanouissement par la liberté énergétique ».
  111. Ibid à la p 360. Bien que les conseils d’Epstein dans ce chapitre soient trop nombreux pour les résumer, l’un d’entre eux s’est particulièrement démarqué, à savoir la dénonciation du mouvement du « développement durable », que l’auteur considère comme une « plaie outrecuidante » qui transporte des « politiques anti-impact et anti-développement dans un monde impuissant », ibid aux pp 372–73.
  112. Ibid à la p 393, ch 11.
  113. Ibid à la p 394.
  114. Ibid.
  115. Ibid à la p 395.
  116. Ibid aux pp 395–96.
  117. Voir Kenneth A. Barry, critique du livre « The New Map: Energy, Climate, and the Clash of Nations » écrit par Daniel Yergin, (2020) 41:2 Energy LJ 375, en ligne (pdf) : <www.eba-net.org/wp-content/uploads/2023/02/15-Barry375-382Final.pdf>. Contrastant l’approche d’Epstein avec l’analyse plus nuancée et objective de nombreux enjeux énergétiques actuels par rapport à l’environnement.
  118. Epstein va un peu trop loin en laissant entendre que les solutions de rechange à faibles émissions de carbone, comme le nucléaire et l’hydroélectricité, sont rejetées de façon généralisée par la communauté du changement climatique, bien qu’il soit juste de dire qu’un certain nombre d’organismes environnementaux de premier plan désapprouvent ces deux technologies.
  119. Alexander J. Epstein, The Moral Case for Fossil Fuels, New York, Portfolio-Penguin, 2014.
  120. Fossil Future, supra note 1 à la p 400.
  121. Voir William Booth et Anthony Faiola, « Europe blinks in its commitment to a great green transition », The Washington Post (6 août 2023), en ligne : <washingtonpost.com/world/2023/08/06/europe-britain-carbon-cost>. L’article mentionne que « maintenant que la facture arrive à échéance, les gouvernements commencent à frémir devant le prix — politique et économique — à payer pour alimenter la grande transition loin des énergies fossiles et vers les énergies renouvelables » [traduction].
  122. Ibid.

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